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  • : le blog shiisme
  • : Bienvenue à tous, ce site comme vous pouvez le constater décrit les principes fondamentaux de l'islam et en particulier du chiisme. Un site qui se voit comme un lieu d'échange d'informations dans l'intention de faire partager ce qu'est réellement le chiisme à partir de sources fiables et non de rumeurs malhonnete comme en circulent tellement sur internet.
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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:39

La relation avec Allah

 

La relation avec Allah, sous sa forme la plus saine est constituée d'une série d'éléments harmonieux et concordants qui, réunis, forment la relation correcte avec le Créateur.

 

Les références islamiques refusent de concevoir la relation avec Allah sur la base de l'élément unique, tel que la peur ou l'espoir, l'amour ou le recueillement, et considèrent qu'une telle relation est dépouillée d'harmonie et d'équilibre. Les éléments qui composent la relation avec Allah sont très nombreux et mentionnés en détail dans les versets coraniques, les hadith et les Prières de demandes.

 

Ce sont essentiellement: l'espoir (en Allah), la peur (d'Allah), l'imploration, le recueillement, l'humilité, l'appréhension, l'amour, le désir, la familiarité, l'anâbah (le retour vers Allah, repentant), le tabattul (retraite spirituelle, récollection), l'istighfâr (demande de pardon), la crainte, l'obéissance, l'asservissement (à Allah), le thikr (l'invocation d'Allah), la pauvreté (le besoin d'Allah), l'i'tiçâm (se protéger par Allah).

 

Ainsi, dans un do'â, l'Imâm Zayn al-'Âbidîn (p) dit:

«Ô Seigneur! Je Te demande de remplir mon coeur d'amour de Ton Amour et de Ta crainte, de croyance et de Foi en Toi, de Ton appréhension et de Ton désir».

 

De ces éléments multiples se forme un beau spectre harmonieux de la relation avec Allah. Chacun de ces éléments constitue une porte de la Miséricorde et de la Connaissance d'Allah. Ainsi, la demande de la miséricorde ouvre la porte de la Miséricorde d'Allah, et la demande de pardon ouvre la porte du Pardon d'Allah.

 

De même chacun de ces éléments est considéré en soi comme une voie pour le mouvement ou la conduite vers Allah. D'autre part, la crainte ou l'appréhension est une autre voie vers Allah. Le recueillement est une troisième voie vers Allah; l'espoir, le do'â ou l'espérance constitue une quatrième voie vers Allah.

 

L'homme doit se mouvoir vers Allah à travers différentes voies et ne pas se contenter d'une voie unique, car chaque voie conduisant à Allah a son propre charme, sa propre saveur et un délice particulier qu'on ne retrouve pas dans les autres voies.

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:37


L'amour d'Allah Le Très Haut

 

Ce qui nous intéresse dans cet exposé c'est l'une de ces voies, celle de l'amour d'Allah, car elle est la meilleure d'entre elles, la plus sûre, la plus belle et la plus à même de nous attacher à Allah et de renforcer nos liens avec Lui.

En matière de comparaison entre ces différents éléments qui composent la relation de l'homme avec le Créateur, beaucoup de textes religieux nous fournissent suffisamment d'éclairage pour pouvoir constater que la voie de l'amour occupe une place de choix en Islam. Citons à titre d'illustration quelques-uns de ces textes:

­ Il est dit qu'Allah inspira au Prophète Dâwûd:

«Ô Dâwûd! Mon invocation appartient à ceux qui M'invoquent, Mon paradis à ceux qui M'obéissent, Mon amour à ceux qui Me désirent, et Moi, J'appartiens à ceux qui M'aiment».

­ L'Imam al-Sâdiq (p) dit:

«L'amour (d'Allah) est préférable à la peur (d'Allah)».

­ Mohammad Ibn Yaqûb al-Kulaynî rapporte dans son corpus, "Uçûl al-Kâfî", le hadith suivant de l'Imam al-Sâdiq (p):

«Les serviteurs (d'Allah) sont répartis en trois catégories: une catégorie de serviteurs qui adorent Allah par crainte (de Lui); leur adoration est celle des esclaves, une deuxième catégorie qui adorent Allah par l'appât de récompense spirituelle (thawâb), leur adoration est celle des commerçants, et une troisième catégorie qui adorent Allah par amour, leur adoration est celle des hommes libres, et elle est la meilleure des adorations».

­ Dans le même corpus précité al-Kulaynî cite le hadith suivant du Prophète (P):

«Le meilleur des gens est celui qui s'éprend de l'adoration, l'étreint, l'aime de son coeur et la pratique avec son corps, se fait disponible pour elle et ne se soucie point de quoi sera fait le monde d'ici-bas le lendemain: aisance ou difficulté".

­ L'Imam al-Sâdiq (p) dit aussi:

«Les entretiens intimes (munâjât) des "connaisseurs" (les mystiques) avec Allah reposent sur trois fondements (ou sentiments principaux): la crainte, l'espérance et l'amour. La crainte découle de la science, l'espérance de la certitude et l'amour de la connaissance. L'indice de la peur est la fuite, celui de l'espérance est la demande, et celui de l'amour est la préférence donnée au bien-aimé à toute autre chose. Lorsque la science entre dans la poitrine, le mystique craint, et lorsqu'il craint, il fuit, et lorsqu'il fuit, il est sauvé. Quand la lumière de la certitude brille dans le coeur, le mystique voit la Grâce, et lorsqu'il parvient à voir la Grâce, il espère, et lorsqu'il goûte les délices de l'espoir, il demande, et lorsqu'il obtient la satisfaction de sa demande, il trouve. Lorsque la lumière de la connaissance jaillit dans le coeur, le vent de l'amour souffle, et lorsqu'il souffle, le mystique se sent réjoui à l'ombre du Bien-Aimé auquel il donne la préférence à toute autre chose et s'attache à suivre scrupuleusement et minutieusement Ses Ordres et Ses Enseignements. Ces trois fondements sont comme le Haram (la ville de la Mecque), la Mosquée et la Kabah: quiconque entre dans le Haram jouit de l'immunité contre les poursuites des gens, et quiconque entre dans la Mosquée, ses sens sont assurés qu'ils ne seront pas utilisés pour commettre un péché, et quiconque entre dans la Kabah, son coeur est assuré qu'il ne sera pas occupé à autre chose que l'invocation d'Allah». 

­

On rapporte le hadith suivant du Prophète (P):

«Le Prophète Chuayb (p) pleura d'amour d'Allah jusqu'à ce qu'il fût aveugle. Allah lui a révélé alors: "O Chuayb! Si tu avais pleuré par peur de l'Enfer, Je t'en épargne, et si tu avais pleuré par désir du Paradis, Je te l'accorde". Chuayb répondit: "O mon Seigneur et Maître! Je n'ai pleuré ni par peur de Ton Enfer ni par désir de Ton Paradis, mais parce que Ton amour est entré dans mon coeur et je ne peux plus patienter jusqu'à ce que je Te voie". Allah - que Sa Gloire soit sublime - lui révéla alors: "Si c'est ainsi, Je te ferai servir par mon interlocuteur Mûsâ Ibn Imrân"».

­ Dans le Livre d'Idrîs (p) on peut lire ceci:

«Bienheureux sont ceux qui M'ont adoré par amour et M'ont adopté comme Dieu et Seigneur, et qui ont veillé la nuit et travaillé le jour pour Ma Face, et non par crainte de l'Enfer ni par désir du Paradis, mais uniquement par amour pur, par une volonté claire et en abandonnant tout pour s'adonner totalement à Moi».

et:

«Qu'il soit aveugle l'oeil qui ne voit en Toi un surveillant et qu'elle soit perdante la tractation d'un serviteur, qui ne recherche pas à lui obtenir une part de Ton amour».

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:36

L'amour pallie les carences dans les actes

 

L'amour d'Allah est inséparable des actes d'adoration; et pour quiconque aime Allah, les actes, le mouvement et l'effort sur le Chemin d'Allah constituent les signes de cet amour. Cependant l'amour pallie la négligence des actes et intercède en faveur du croyant auprès d'Allah lorsqu'il fait preuve de négligence dans ses actes. En effet l'amour est un intercesseur efficace auprès d'Allah.

 

L'Imâm Zayn al-'Âbidîn, dit dans un do'â, rapporté par Abû Hamza al-Thamâlî:

 

«Ma connaissance (de Toi) est mon guide vers Toi, et mon amour pour Toi est mon intercesseur auprès de Toi. Or je suis sûr de mon guide par Ta Guidance et je suis confiant dans l'efficacité de mon intercesseur auprès de Toi».

 

Quels bons guides, intercesseurs, connaissance et amour! Un serviteur dont le guide vers Allah est la connaissance d'Allah ne s'égare jamais, et un serviteur dont l'intercesseur auprès d'Allah est l'amour d'Allah, ne manque jamais sa route et son but vers Allah.

 

L'Imam Zayn al-'Âbidîn dit à ce propos:

 

«Ô mon Dieu! Tu sais que même si dans la pratique mon obéissance à Toi n'est pas un exemple de régularité, l'amour de Ton obéissance et la ferme résolution de T'obéir restent en moi permanents et réguliers».

 

Là, l'Imam nous apprend que s'il arrive que nous doutions de notre obéissance à Allah dans nos actes et qu'il nous soit impossible d'être certains d'obéir impeccablement et toujours au Créateur, néanmoins nous pouvons être sûrs et certains de la permanence de notre amour d'Allah et de notre volonté inébranlable de continuer à Lui obéir et à L'aimer. En effet, tout serviteur ayant éprouvé dans son coeur l'amour d'Allah, n'en doutera jamais. Certes ce serviteur pourrait être négligent dans l'observance de l'obéissance ou commettre un acte qu'Allah déteste ou une désobéissance qu'Allah n'aime pas, mais ce faisant il est impossible qu'il déteste l'obéissance ou qu'il aime le péché. Car les membres ou les sens du serviteur pieux pourraient glisser dans les péchés, attirés par Satan ou la passion, ou être négligents dans l'obéissance à Allah, mais son coeur est imperméable à tout ce qui n'est pas l'amour et l'obéissance à Allah, et la détestation de Sa désobéissance.

 

Ainsi l'Imam 'Alî Ibn al-Hussain implore:

 

«Ô mon Seigneur! J'aime T'obéir même s'il m'arrive de le négliger, et je déteste de Te désobéir, même s'il m'arrive de le faire. Aussi Te demanderais-je de me faire la faveur de me destiner au Paradis».

 

Telle est la différence entre les sens et les sentiments: les premiers pourraient ne pas suivre toujours les seconds, ceux-ci pourraient se soumettre totalement à l'emprise de l'amour d'Allah, alors que ceux-là pourraient y manquer, mais si le coeur est sain et bon, les sens finiront inévitablement par le suivre et Lui obéir. En un mot, tôt ou tard, les sens et les membres ne pourront qu'exécuter ce que veulent et demandent les sentiments, comblant de la sorte le fossé qui les sépare grâce à la sincérité du coeur.

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:35

Les degrés et les phases de l'Amour d'Allah

 

L'amour d'Allah a des degrés et des phases dans les coeurs des serviteurs. Il pourrait être faible et à peine ressenti chez un serviteur, épanoui et fort ne laissant de place à aucune autre occupation susceptible de le distraire d'Allah, chez un autre. Chez d'autres encore, il s'avère tellement intense et dominant que le croyant pieux a beau se plonger pendant de longues heures dans les invocations, les supplications, la prière et le recueillement dans l'action et l'effort sur la voie d'Allah, il ne parviendrait pas à étancher sa soif d'adoration.

 

L'Imam Ja'far al-Sâdiq (p) dit à ce propos dans l'un de ses Do'â':

 

«Ô mon Seigneur! J'ai faim et de Ton amour je ne me rassasie jamais; je suis assoiffé, et ma soif de Ton amour ne saurait être étanchée! Ô combien est ardent mon désir de Celui Qui me voit sans que je Le voie».

 

Et l'Imam 'Alî Ibn al-Hussain (p) ne dit pas autre chose:

 

«(Ô Seigneur) ma soif ardente ne peut être apaisée que par Ton contact, ma souffrance agitée ne se calme que par Ta rencontre et mon désir de Toi ne s'assouvit qu'en Te regardant».

 

L'expression de l'amour la plus éloquente et la plus merveilleuse, on la trouve dans le do'â' que l'Imam 'Alî a enseigné à Kumayl ibn Ziyâd al-Nakh'î et connu sous le nom de "Do'â' Kumayl":

 

«À supposer, Ô Mon Dieu, Mon Maître, Mon Souverain et Mon Seigneur, que je puisse supporter le supplice que Tu m'infligerais, comment pourrais-je endurer ma séparation de Toi? et à supposer que je puisse endurer la chaleur de Ton enfer, comment pourrais-je supporter l'idée de ne plus aspirer à Ta Générosité? Et comment pourrais-je rester calme en enfer alors que j'aspire à Ton Pardon?"

 

L'amoureux pourrait supporter la punition de son bien-aimé, mais pas sa colère ni sa haine contre lui. Il pourrait aussi supporter le feu, pourtant insupportable, mais pas la séparation avec son bien-aimé.

 

Cet amour et cet espoir que le serviteur continue à éprouver envers son Maître, alors même qu'Il lui fait subir le feu et lui montre Sa colère, constituent la plus belle des images de ce do'â' auguste. En effet, il est possible que l'esclave éprouve de l'amour pour son maître pendant qu'il jouit de ses bienfaits et bénéficie de ses faveurs. Et cet amour est sûrement vrai et sincère. Mais l'amour absolu ou suprême, c'est celui qui ne quitte point le coeur du serviteur, même lorsque celui-ci subit l'atrocité du feu de son Maître.

 

L'Imam Zayn al-'Âbidîn exprime le même amour absolu d'Allah, dans la célèbre prière de demande - dit "Do'â' al-Sahar" - qu'il a apprise à Abû Hazah al-Thamâlî:

 

«Ô par Ta Puissance (O Seigneur), même si Tu venais à me gronder, je ne quitterais pas Ta porte, ni ne cesserais de Te flatter. Car, vers qui pourrait se diriger le serviteur, sinon vers son Maître!? et près de qui pourrait se réfugier la créature, sinon chez son Créateur!? O mon Dieu! Si Tu venais à m'attacher aux garrots, à m'interdire Ta faveur devant tout le monde, à dévoiler mes scandales devant les yeux des serviteurs, à ordonner mon envoi en enfer, et à T'interposer entre moi et les croyants pieux, je ne perdrais pas mon espoir en Toi, ni ne cesserais d'espérer l'obtention de Ton Pardon, et de mon coeur Ton amour ne sortira jamais».

 

Poursuivons cette description de l'amour d'Allah et de l'espoir mis en Lui, qui sont enracinés dans le coeur des hommes de piété, en revenant au Do'â' Kumayl précité de l'Imam 'Alî Ibn Abî Tâlib:

 

«C'est pourquoi, je jure sincèrement, par Ton Autorité, ô Mon Maître et Mon Souverain, que si Tu me laissais y (en Enfer) parler, j'y soulèverais auprès de ses habitants, un vacarme semblable au vacarme de ceux qui vivent dans l'espoir, et j'y lancerais vers Toi les cris de ceux qui crient au secours, et j'y pleurerais sur Toi comme ceux qui pleurent leurs disparus; et je T'appellerais, où que Tu sois,

 

Ô Seigneur des fidèles!

 

Ô Sommet des espoirs des connaisseurs!

 

Ô Secours de ceux qui crient au secours!

 

Ô Aimé des coeurs des véridiques!

 

Ô Dieu des mondes!

 

Gloire et louange à Toi!

 

Accepterais-Tu donc d'y entendre ( en enfer) la voix d'un serviteur musulman qui y serait emprisonné pour avoir commis une faute? et qui en subirait la torture pour T'avoir désobéi,

 

et qui serait enfermé entre ses étages pour son crime et son péché,

 

et qui crierait à Ton intention comme quelqu'un qui vit dans l'espoir de Ta Miséricorde,

 

et qui T'appellerait en usant du langage monothéiste

 

et qui T' implorerait par Ta Seigneurie?

 

Ô Mon Souverain! Comment laisser aux supplices celui qui aspire à Ta Clémence d'antan (ainsi qu'il espère obtenir Ta Grâce et Ta Miséricorde!)

 

Comment le laisser souffrir de Ton enfer alors qu'il espère obtenir Ta Grâce et Ta Miséricorde!

 

Comment le laisser brûler par ses flammes (de l'enfer) alors que Tu entends sa voix et que Tu le vois là-bas!

 

Comment le laisser vivre sous sa chaleur (de l'enfer) alors que Tu connais sa faiblesse!

 

Comment le laisser se tordre entre ses étages alors que Tu connais sa sincérité!

 

Comment le laisser subir le mauvais traitement de ses habitants, alors qu'il T'appelle: Ô Mon Seigneur!

 

Comment l'y laisser alors qu'il attend Ta Grâce pour en être libéré!

 

Non, jamais personne ne Te croira ainsi! car, ni ce qu'on sait de Ta grâce, ni la façon dont Tu as traité les monothéistes en leur accordant Ta Bienfaisance et Tes Bienfaits, ne permettent de le penser.

 

Ainsi, j'affirme avec certitude que: si Tu n'avais pas ordonné le supplice aux renégats, et que Tu n'avais pas condamné ceux qui T'ont désobéi à subir l'enfer, Tu aurais transformé celui-ci en un lieu frais et paisible, et personne n'y aurait trouvé demeure, ni lieu de détention»

 

 

 

 

Quelle lecture pourrait-on faire de l'attitude que l'Imam 'Alî s'imagine adopter au cas où il tomberait en disgrâce? Attitude de refus de se résigner au châtiment et à la peine encourue, puisqu'il dit que s'il venait à être condamné à l'Enfer, il ne resterait pas les bras croisés, qu'il se mettrait à y tempêter, crier, lancer des appels etc.!? D'aucuns penseraient tout de suite qu'une telle attitude correspondrait bien à un trait saillant et originel de la personnalité de l'Imam: le courage et l'héroïsme incomparables dont il a fait preuve tout au long de sa vie et dans les champs de bataille où il n'a jamais baissé les bras dans les situations les plus difficiles et les plus périlleuses!

 

Mais une telle interprétation de l'attitude imaginaire de l'Imam est erronée et dénote une méconnaissance de la profondeur de sa piété et de sa soumission infinie au Créateur. La preuve en est que l'Imam commence son exposé par cette formule, au conditionnel et non à l'indicatif, adressée à Allah: «si Tu me donnais la parole... je crierais, tempêterais etc.», laquelle met en avant, plus sa soumission que son héroïsme ou son courage dans la situation qui nous intéresse.

 

En fait, ces propos de l'Imam et son état d'âme ici traduiraient plutôt, l'état d'un petit enfant qui ne connaît dans son univers d'autre refuge ou protection que la tendresse, l'affection, l'amour et la compassion de sa mère. Chaque fois qu'il a mal ou qu'il éprouve un sentiment de détresse, il a recours à sa mère et l'appelle au secours. Même lorsqu'il commet un geste de désobéissance envers sa mère, laquelle le punit subséquemment, il ne trouve d'autres refuge et protection qu'elle-même, et lui lance des appels au secours, exactement comme il le ferait si la peine qu'il subissait provenait de quelqu'un d'autre qu'elle.

 

Dans cette supplication, l'Imam 'Alî (p) nous montre qu'il ne connaît d'autre recours qu'Allah, Lequel est son seul refuge et son seul protecteur. Et lorsqu'il s'imagine qu'Allah lui inflige une peine ou qu'Il le condamne au supplice, il n'hésite pas une seconde à recourir à Lui et à L'appeler au secours, comme il le fait toujours, lorsque la source de détresse vient d'ailleurs.

 

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:33

L'Imam Zayn al-'Âbidîn exprime la même idée dans sa célèbre munâjât:

 

«Si Tu venais à m'éconduire de Ta porte, près de qui d'autre pourrais-je me protéger!? et si Tu venais à me refouler de Ta proximité chez qui pourrais-je trouver abri!? Ô mon Dieu! Chez qui retourne l'esclave en fugue (fuyard) sinon à son maître!? Et qui le soustrairait à sa colère sinon lui-même!?»

 

Et:

 

«Ô mon Maître! Je me protège dans Ta Grâce et je Te fuis pour me réfugier près de Toi!»

 

Ou encore:

 

«Chez qui va l'esclave sinon son Maître et chez qui va la créature sinon chez son Créateur!»

 

S'enfuir d'Allah pour se réfugier auprès d'Allah n'est pas un paradoxe. C'est un concept qui dénote une signification profonde de la relation du serviteur avec le Créateur. Les sentiments que l'Imam 'Alî (p) décrit relativement à cette relation sont des sentiments d'amour et d'espoir réels, effectifs et très sincères qui animent les coeurs des vrais adorateurs. Dans cette séquence ou plutôt dans ce magnifique tableau du do'a', l'Imam 'Alî ne donne pas libre cours à son imagination à l'instar des poètes, mais exprime et décrit très exactement et très sincèrement ses sentiments lorsqu'il se présente devant Allah. C'est pourquoi il fait suivre ce tableau qui dessine la sollicitation du serviteur de la protection d'Allah, par un autre tableau qui décrit le secours qu'Allah dépêche à Son serviteur. Car, il sait d'expérience et de par sa connaissance passée de la Miséricorde et de la Grâce d'Allah, qu'il n'est pas possible qu'Il - Il est Sublime - désappointe ces sentiments d'espoir et d'amour, purs et sincères, du serviteur, et qu'Il repousse son amour et déçoive ses espoirs:

 

«Comment laisser aux supplices celui qui aspire à Ta Clémence d'antan (ainsi qu'il espère obtenir Ta Grâce et Ta Miséricorde!)

 

Comment le laisser souffrir de Ton enfer alors qu'il espère obtenir Ta Grâce et Ta Miséricorde!

 

Comment le laisser brûler par ses flammes (de l'enfer) alors que Tu entends sa voix et que Tu le vois là-bas!

 

Comment le laisser vivre sous sa chaleur (de l'enfer) alors que Tu connais sa faiblesse!

 

Comment le laisser se tordre entre ses étages alors que Tu connais sa sincérité!

 

Comment le laisser subir le mauvais traitement de ses habitants, alors qu'il T'appelle: Ô Mon Seigneur!»

 

Non, il est impossible et inconcevable qu'Allah déçoive l'attente de Ses adorateurs dévoués, vu Sa Clémence et Sa Miséricorde auxquelles Il les a habitués.

 

Donc l'Imam 'Alî s'applique à démontrer la Clémence et la Miséricorde du Créateur, auxquelles s'attendent les adorateurs sincères par la Clémence et la Miséricorde dont ils ont déjà bénéficié: «Comment laisser aux supplices celui qui aspire à Ta Clémence d'antan!».

 

Notons que l'Imam 'Alî (p) est ici catégorique concernant ce volet (la ligne descendante) de la relation du Créateur avec le serviteur, de même qu'il a été catégorique dans l'autre volet (la ligne montante) de la relation du serviteur avec Allah. De même qu'il ne doute pas un instant qu'il ne se départe pas de ses sentiments d'amour infini pour Allah ni ne perde jamais son espoir en Lui, ni ne recherche aucun autre abri ou secours que Lui, quand bien même il se trouverait en Enfer, de même il a la certitude qu'Allah ne désappointe pas cet amour sincère du serviteur et son espoir tenace placé en Lui. Méditons sur ce ton d'affirmation catégorique et de certitude absolue de l'Imam 'Alî quant à l'étendue de la Miséricorde du Créateur à laquelle l'adorateur s'attend:

 

«Non, jamais personne ne Te croira ainsi! car, ni ce qu'on sait de Ta grâce, ni la façon dont Tu as traité les monothéistes en leur accordant Ta Bienfaisance et Tes Bienfaits, ne permettent de le penser. Ainsi, j'affirme avec certitude que: si Tu n'avais pas ordonné le supplice aux renégats, et que Tu n'avais pas condamné ceux qui T'ont désobéi à subir l'Enfer, Tu aurais transformé celui-ci en un lieu frais et paisible, et personne n'y aurait trouvé demeure, ni lieu de détention».

 

On retrouve cette affirmation catégorique et cette certitude absolue concernant l'amour de l'adorateur pour son Maître et la Compassion d'Allah envers son serviteur dans d'autres supplications de l'Imam 'Alî et de ses successeurs bénis. Ainsi dans une célèbre Munâjât, il s'adresse à Allah dans les termes suivants:

 

«Ô Seigneur! (je jure) Par Ta Puissance et Ta Gloire, je T'ai aimé d'un amour dont la douceur s'est enracinée dans mon coeur; or le for intérieur de ceux qui croient à Ton Unicité ne saurait concevoir que Tu puisse détester Tes amoureux».

 

Pour sa part, son petit-fils, l'Imam 'Alî Ibn al-Hussain dans l'une de ses munâjât dit:

 

«Ô mon Dieu! Comment pourrais-Tu humilier, en la délaissant, une âme que Tu as chérie par Ton Unicité! Ou comment pourrais-Tu brûler sous la chaleur de Tes feux une conscience qui a contracté Ton amour!»

 

Et dans le Do'â' al-Sahar du mois de Ramadhân, il adresse ce monologue à Allah:

 

«Serait-il imaginable que Tu puisses démentir nos idées (Te concernant), ou décevoir nos espoirs (mis en Toi)! Non! ô Généreux! Telle n'est pas notre idée de Toi ni notre espérance en Toi! Car ô Seigneur! Nous avons un espoir illimité en Toi et ce que nous espérons de Toi est immense».

 

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:32

Les importations et les exportations du coeur

 

La manière dont l'Imam al-Sajjâd décrit ces serviteurs pieux auxquels il demande à Allah de le joindre mérite réflexion et méditation:

 

«ceux pour qui Tu as purifié les sources, comblé les désirs(...), ceux dont Tu as rempli les coeurs de Ton amour, ceux que Tu as désaltérés de Ta boisson pure etc.».

 

Notons que cette boisson limpide et pure dont Allah les désaltère dans la vie d'ici-bas est la boisson de "l'amour", de "la certitude", de "la sincérité", du "savoir"... et le récipient qui la renferme est le coeur.

 

Certes, Allah a favorisé l'homme de nombreux récipients pour le savoir, la certitude et l'amour, mais le coeur est de loin le meilleur d'entre eux. Ainsi, si Allah purifie pour Son serviteur la boisson de son coeur, et le désaltère d'une boisson limpide et pure, ses actes, ses paroles et sa production seront aussi pures et limpides.

 

Car il y a entre les importations et les exportations du coeur une ressemblance et une correspondance certaines: si les premières sont pures, les secondes le seront aussi; c'est dire que l'action, la parole, les opinions, la morale et la production du serviteur seront purs aussi. En revanche, si ses importations sont impures, troubles et empreinte des inspirations sataniques, ses exportations seront à n'en pas douter aussi impures et ne produiront que mensonges, hypocrisie, avarice et rejet d'Allah et de Son Prophète (P).

 

En effet le Messager d'Allah (P) dit:

 

«Il y a dans le coeur deux troupes: une troupe émanant du Roi, elle est l'augure du bien et l'approbation de la Vérité, et une troupe émanant de l'ennemi, elle est l'annonce du mal et le démenti de la Vérité. Quiconque constate la présence de la première, qu'il sache qu'elle provient d'Allah, et quiconque constate la présence de la seconde, qu'il invoque la protection d'Allah contre le Satan». Et le Prophète (P) de réciter ce verset coranique: «Le Diable vous fait craindre l'indigence et vous commande des actions honteuses; tandis Qu'Allah vous promet pardon et faveur venant de Lui». (Sourate al-Baqarah, 2: 268)

 

Ne voit-on pas comment les abeilles produisent un miel doux et pur, appétissant et médicinal, lorsqu'elles se nourrissent du nectar des fleurs, alors que leur miel ne sera pas pur, lorsqu'elles se nourrissent des sources impures.

 

Allah dit de Ses Prophètes Ibrâhîm, Ishâq et Ya'qûb (p):

 

«Mentionne Abrâhâm, Isaac et Jacob, Nos serviteurs doués de force et de clairvoyance. Nous les avons purifiés tout spécialement en leur rappelant la demeure éternelle. Ils se trouvent auprès de Nous, parmi les meilleurs élus».

 

Ce don (la force et la clairvoyance) dont Allah a favorisé ces grands Prophètes est justement le produit de cette boisson pure qu'Allah leur avait accordée:

«Nous les avons purifiés tout spécialement en leur rappelant la demeure éternelle».

 

Car si Allah ne les avait pas purifiés tout spécialement par le rappel de la demeure éternelle, ils n'auraient eu ni force ni clairvoyance.

 

Moralité: pour que l'action de l'homme soit pure, il est nécessaire que sa boisson le soit aussi, car le coeur ne produit que ce qu'il reçoit.

 

 

 

Le fondement du libre choix

 

Nous avons expliqué la vérité de l'existence de corrélation et de correspondance entre les importations et les exportations du coeur. Mais cette vérité n'est pas forcément la négation du fondement du libre arbitre qui constitue la base ou le fondement de beaucoup de concepts et d'idées coraniques. En d'autres termes, cette vérité ne signifie pas que le coeur soit un récipient vide qui reçoit et produit passivement tout le bien et le mal qui y est versé. Loin de là, le coeur est un récipient conscient qui sait ce qu'il reçoit et distingue la Vérité d'avec le Faux, le Bien d'avec le Mal. On a là un autre fondement (la conscience du coeur) de la pensée islamique. Et c'est de ce fondement et de ce libre arbitre que dépendent beaucoup de questions, de fondements et conceptions islamiques.

 

Beaucoup de textes islamiques soulignent le rôle conscient du coeur dans la vie de l'homme et sa capacité à distinguer le Vrai du Faux.

 

Ainsi, on rapporte que le Prophète Dâwûd (p) s'est adressé à son Seigneur, lors d'un entretien intime, par les propos suivants: «Ô mon Dieu! Tout Roi possède un trésor. Où sont donc les Tiens?» Allah - Il est sublime - lui a répondu:

 

«J'ai ce qui est plus grand que le Trône, plus large que le Siège (kursî), plus doux que le Paradis, plus paré que le malakût. Son sol est le savoir, son ciel est la Foi, son soleil est le désir, sa lune est l'amour, ses étoiles sont les idées, son nuage est la Raison, sa pluie est la Miséricorde, ses arbres sont l'obéissance, ses fruits sont la sagesse. Il a quatre piliers: la confiance, la réflexion, le plaisir et le rappel, et quatre portes: la science, la sagesse, la patience, et la satisfaction. C'est le coeur».

 

Comme on peut le constater, le texte dans ses deux composants (la question et la réponse) emploie un langage de symboles, dont l'utilisation est courante dans les textes islamiques.

 

On rapporte également qu'Allah dit au Prophète Mûsâ (p):

 

«Ô Mûsâ! Dépouille ton coeur pour Moi, car J'ai fait de ton coeur le domaine de Mon amour, J'y ai étalé une terre de Ma connaissance, construit un soleil de Mon désir, fait briller une lune de Mon affection, mis une source de réflexion, fait tourner un vent de Ma réussite, fait tomber une pluie de Ma faveur, planté une plante de Ma Véracité, fait pousser des arbres de Mon obéissance et J'y ai érigé des montagnes de Ma certitude ...».

 

Comme le précédent, ce texte utilise aussi un langage symbolique, et tous les deux dénotent et mettent en évidence le rôle conscient du coeur et sa capacité à distinguer la Vérité du Faux et la Guidance de la perdition

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:31

Retour aux munâjât

 

Dans une autre séquence du munâjât que nous avons présenté, l'Imam attire notre attention sur un autre aspect de l'immense Bonté divine: Allah vient vers celui qui vient vers Lui et le protège par Sa Grâce; Il est Compatissant et Clément envers celui qui L'oublie et Il efface cet oubli en l'attirant vers Lui par l'affection qu'il Lui montre:

 

«Ô Toi qui viens à la rencontre de ceux qui se dirigent vers Toi, et qui reviens sans cesse vers eux pour leur prodiguer Tes faveurs; Ô Toi qui Te montres Clément et Compatissant envers ceux qui négligent de T'invoquer, et qui les attires vers Ta porte avec affection et amabilité!»

 

Puis l'Imam al-Sajjâd (p) formule à l'adresse du Miséricordieux une demande qui nous laisse interrogateurs: il implore Allah de lui réserver la plus grande part de Sa Miséricorde qu'Il accorde aux serviteurs pieux et dévoués, la plus haute position auprès de Lui qu'Il leur destine etc.:

 

«Je Te demande de me réserver le plus grand lot des faveurs que Tu leur accordes, la plus haute position auprès de Toi que Tu leur destines, la plus grande part de Ton amour (que Tu leur montres), et la plus grande partie de Ta connaissance (que tu leur autorises)».

 

Au début, l'Imam demandait à Allah de le joindre à la caravane des serviteurs pieux, mais le voilà maintenant qui rehausse d'un cran sa requête et souhaite que le Seigneur lui réserve auprès de Lui la plus haute position qu'Il leur impartit. Comment concilier entre les deux demandes? Que s'est-il passé à l'intérieur de l'Imam, dans son coeur et son esprit, au cours du même do'â', pour qu'une telle gradation et un tel saut se produisent dans sa demande?

 

La réponse à cette interrogation requiert l'explication de l'un des secrets de la Prière de demande (do'â').

 

En effet Allah nous a appris à ne pas être parcimonieux dans nos requêtes et de ne pas être avares dans nos sollicitations, ayant affaire au Maître généreux. Que c'est vilain que de se montrer avare dans la demande lorsque l'Être sollicité est la Générosité même et que les trésors de Sa Miséricorde sont inépuisables, illimités! Et d'autant plus que la profusion de Ses dons ne fait qu'augmenter Sa Générosité et Sa Largesse!

 

Par ailleurs, on comprend mieux la demande de l'Imam al-Sajjâd (p) d'être privilégié dans la position qu'Allah réserve à Ses serviteurs dévoués, lorsqu'on sait qu'Allah nous a enseigné comme règle de politesse de Lui demander de nous placer au devant des croyants pieux: «Et fais de nous un guide (imam, celui qui se met devant) pour les pieux». (Sourate al-Forqân, 25: 74)

 

En outre, on trouve dans de nombreux do'â' des Imams d'Ahl-ul-Bayt (p) cette formule adressée au Seigneur:

 

«Ne préfère personne à moi».

 

 

 

Le do'â' et son sommet

 

Beaucoup de prières de demande ont un fond et un sommet. Le fond représente la position du serviteur avec tous les méfaits et les péchés qu'il a commis, alors que le sommet incarne légitimement ses espoirs et ses ambitions en Allah dont la Largesse, la Générosité et les trésors de sa Miséricorde sont illimités et inépuisables. L'Imam Zayn al-'Âbidîn al-Sajjâd (p) nous fait sentir cette distance psychologique entre le sommet et le fond dans Do'â' al-Sahar précité: «Ô Maître, lorsque je vois mes péchés, je suis terrifié, et lorsque je vois Ta Noblesse, je la convoite». Et, «Ô Mon Seigneur! Mon espoir est grand et mon action est mauvaise; accorde-moi donc de Ton Pardon ce qui correspond à mon espoir, et ne me tiens pas rigueur de ma mauvaise action».

 

Dans le do'â' Kumayl, l'Imam 'Alî (p) commence par le fond et implore:

 

«Ô Mon Dieu! je ne vois personne d'autre que Toi pardonner mes péchés, dissimuler mes vilenies et transformer ma mauvaise action en bon acte. Point de divinité, si ce n'est Toi! Gloire et Louange à Toi! Je me suis rendu injuste envers moi-même et j'ai osé (transgresser Ta Loi) par mon ignorance; et j'ai fait appel au souvenir que Tu avais de moi et à la faveur que Tu m'avais toujours accordée (pour mon pardon). Ô Mon Dieu! Ô Mon Maître! Combien de mes actes détestables Tu as couverts, et combien de calamités Tu m'as épargnées! et combien de trébuchements Tu m'as évités, et combien de malheurs Tu as éloignés de moi, et combien de belles louanges (à mon égard) Tu as propagées! Ô Mon Dieu! mon malheur s'est aggravé, mon état a empiré, mes bonnes actions se sont réduites, mes chaînes m'ont entravé, mes espérances démesurées m'empêchent de me rendre utile, ce bas-monde m'a trompé par sa vanité, et mon âme, par sa trahison et mes atermoiements. C'est pourquoi, je Te demande, ô Mon Maître, par Ta Gloire, de faire en sorte que mes mauvaises actions et mes péchés n'empêchent pas mon invocation de parvenir à Toi, et de ne pas dévoiler ce que Tu connais de mes secrets».

 

Ce fond est le niveau le plus bas de la servitude avec tout ce qu'elle comporte de mal et de négatif. Puis il remonte pour atteindre le sommet de l'ambition qui incarne le grand espoir du serviteur dans la large Miséricorde d'Allah:

 

«Donne-moi la possibilité de Te craindre révérenciellement, et d'être à Ta disposition continuellement, afin que je sois parmi ceux qui rivalisent dans leur course vers Toi, et le plus rapide de ceux qui accourent pour s'approcher de Toi, et que je Te craigne comme tous les croyants convaincus, et afin que je rejoigne auprès de Toi, les gens pieux. Ô Mon Dieu, si quelqu'un me voulait du mal, rends-le-lu, fais de moi le meilleur de Tes serviteurs, le plus proche de Toi et Ton fidèle le plus dévoué. Car une telle faveur, on ne peut l'obtenir que par Ta Grâce».

 

Ce voyage du "fond" au "sommet" exprime le mouvement de l'homme vers Allah. C'est le voyage de l'espoir, de l'espérance et de l'ambition. Et lorsque l'homme place son espoir et son ambition en Allah, son voyage n'a pas de fin, ni de limite.

 

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:30

Les trois moyens

 

Dans ce voyage, l'Imam 'Alî al-Sajjâd (p) prie Allah par trois moyens, conformément à la volonté d'Allah qui nous commande de Lui demander les moyens d'aller à Lui:

 

«Ô vous qui croyez! Craignez Allah et recherchez les moyens de vous rapprocher de Lui! Combattez pour Sa Cause! Peut-être serez-vous heureux».

 

«Ceux-là mêmes qu'ils invoquent, recherchent le moyen de se rapprocher de leur Seigneur».

 

Les moyens que l'Imam demande à Allah dans ce voyage sont: le besoin, la demande et l'amour. Quelle pertinence! Ce maître incontesté du Do'â' sait parfaitement ce qu'il demande à Allah, comment demander et où sont les points d'accès à la Miséricorde du Miséricordieux!

 

 

 

Le premier moyen: le besoin

 

Le besoin lui-même est une émanation de la Miséricorde d'Allah, car le Créateur couvre de Sa Miséricorde les besoins de toutes Ses créatures, y compris les animaux et les plantes, et ce sans qu'elles le Lui demandent. Évidemment cela ne signifie nullement l'inutilité de la demande et de la sollicitation, lesquelles constituent en fait, à côté du besoin, un autre aspect de la Miséricorde d'Allah. Ainsi, si elles ont soif, Il les désaltère, lorsqu'elles ont faim, Il les nourrit, et lorsqu'elles sont dénudées, Il les revêt: «C'est Lui qui me nourrit et qui me donne à boire; c'est Lui qui me guérit , lorsque je suis malade», et ce lors même qu'ils ne connaissent pas Allah parfaitement, ne savent pas comment L'implorer, ni quoi Lui demander: «Ô Toi qui, par tendresse et compassion, donne aussi bien à celui qui Te demande, qu'à celui qui ne Te demande pas, ainsi qu'à celui qui ne Te connaît pas»

 

Dans un merveilleux munâjât, l'Imam 'Alî (p) énumère les innombrables motifs de la sollicitation par les serviteurs de la Miséricorde d'Allah:

 

«Mon Seigneur! Ô mon Maître! Tu es le Maître et je suis l'esclave! Qui d'autre que le Maître fait miséricorde à l'esclave!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Puissant et je suis l'humilié! Qui donc d'autre que le Puissant fait miséricorde à l'humilié!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Créateur et je suis la créature! Qui donc d'autre que le Créateur fait miséricorde à la créature!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es l'Immense et je suis le mesquin! Qui donc d'autre que l'Immense fait miséricorde au mesquin!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Fort et je suis le faible! Qui donc d'autre que le Fort fait miséricorde au faible!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Riche et je suis le pauvre! Qui donc d'autre que le Riche fait miséricorde au pauvre!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Donateur et je suis le quémandeur! Qui donc d'autre que le Donateur fait miséricorde au quémandeur!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Vivant et je suis le mortel! Qui donc d'autre que le Vivant fait miséricorde au mortel!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es l'Éternel et je suis le passager! Qui donc d'autre que l'Éternel fait miséricorde au passager!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Permanent et je suis l'éphémère! Qui donc d'autre que le Permanent fait miséricorde à l'éphémère!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Dispensateur et je suis l'allocataire! Qui donc d'autre que le Dispensateur fait miséricorde à l'allocataire!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Généreux et je suis l'avare! Qui donc d'autre que le Généreux fait miséricorde à l'avare!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Sain et je suis le malade! Qui donc d'autre que le Sain fait miséricorde au malade!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Grand et je suis le petit! Qui donc d'autre que le Grand fait miséricorde au petit!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Guidant et je suis l'égaré! Qui donc d'autre que le Guidant fait miséricorde à l'égaré!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Pardonneur et je suis le pécheur! Qui donc d'autre que le Pardonneur fait miséricorde au pécheur!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Guide et je suis le perdu! Qui donc d'autre que le Guide fait miséricorde au perdu!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Vainqueur et je suis le vaincu! Qui donc d'autre que le Vainqueur fait miséricorde au vaincu!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es le Seigneur et je suis le vassal! Qui donc d'autre que le Seigneur fait miséricorde au vassal!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Tu es l'Orgueilleux et je suis l'humble! Qui donc d'autre que l'Orgueilleux fait miséricorde à l'humble!?

 

Mon Maître! Ô mon Maître! Fais-moi miséricorde par Ta Miséricorde, agrée-moi par Ta Noblesse, pat Ta Générosité et par Ta Grâce, ô Toi Détenteur de la Générosité et de la bienfaisance, des faveurs et des bienfaits».

 

Dans ces séquences, l'Imam 'Alî (p) invoque son besoin et son indigence pour s'attirer la Miséricorde d'Allah, c'est dire qu'il fait de son indigence et de son besoin le motif, la cause et la justification de la sollicitation de la Miséricorde divine.

 

Ainsi, la créature attire la Miséricorde du Créateur, le faible attire la Miséricorde du Fort, le malade attire la Compassion du Bien-portant et ainsi de suite.

 

Telles sont les lois d'Allah, lesquelles sont immuables. Là où il y a besoin et pauvreté, il y a la Miséricorde et la Grâce d'Allah. De même que l'eau descend obligatoirement vers le terrain bas, de même la Miséricorde d'Allah descend là où il y a besoin, car Allah est Généreux et Noble, et le propre du Généreux est de faire montre de sa générosité et de sa compassion surtout là où le besoin se fait sentir.

 

Dans Do'â' al-Sahar déjà cité, l'Imam al-Sajjâd dit:

 

«Ô Mon Dieu! Donne-moi, car je suis pauvre et aie pitié de moi, car je suis faible».

 

Il fait ainsi de sa pauvreté et de sa faiblesse un moyen ou un motif de sollicitation de la Miséricorde d'Allah.

 

Évidemment ceci ne doit pas être pris dans un sens absolu ou comme le seul moyen ni le moyen impeccable d'obtenir la Miséricorde d'Allah, car dans les lois divines, il y a d'autres facteurs qui attirent la Grâce du Créateur et il y a des obstacles et des voiles qui empêchent la descente de la Miséricorde du Miséricordieux. Par conséquent, lorsque nous énonçons que le besoin et la pauvreté sont un motif de la venue de la Miséricorde d'Allah, il faut comprendre cet énoncé dans le cadre de ces lois générales.

 

On trouve dans le Noble Coran des exemples de l'invocation de la pauvreté et de la faiblesse en vue de la sollicitation de la Miséricorde d'Allah et de l'obtention de la réponse positive à notre appel, étant donné que le besoin appelle une réponse (satisfaction) de la part d'Allah, tout comme le do'â' et la sollicitation suscitent Sa réponse, ou en d'autres termes l'exposition du besoin en soi tient lieu de Prière de demande (do'â').

 

Citons quelques-uns de ces exemples coraniques:

 

1- Ayyûb(66) (p), l'adorateur pieux et durement éprouvé, s'est contenté d'exposer son état pathétique au Seigneur, alors qu'il traversait la phase la plus pénible de ses épreuves: «Et Job (Ayyûb), quand il en appela à son Seigneur: "Le mal m'a touché, vraiment! Cependant, Tu es le plus Miséricordieux des miséricordieux!" Nous lui répondîmes, alors, et lui déblayâmes le mal qu'il avait, et lui apportâmes sa propre famille, et une en plus, semblable, à titre de miséricorde de Notre part, et de rappel aux adorateurs». (Sourate al-Anbiyâ', 21: 83-84).

 

Ainsi, comme on peut le constater, les propos que le Coran prête à Ayyûb ne comportent pas de prière de demande; cependant, Allah nous dit: «Nous lui répondîmes, alors, et lui déblayâmes le mal qu'il avait», comme si l'exposition du besoin et du manque équivalait au do'â'.

 

2- Thu-l-Nûn (p)(67), un autre adorateur dévoué expose son besoin et son malheur à Allah, alors qu'il se trouvait dans les ténèbres du ventre d'une baleine: «Et Thû-l-Nûn (Jonas) quand il partit, irrité. Il pensa que Nous n'allions pas l'éprouver. Puis, il fit, dans les ténèbres, l'appel que voici:"Pas de divinité, à part Toi! Gloire à Toi! J'ai été vraiment du nombre des injustes". Nous l'exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse. Et c'est ainsi que Nous sauvons les croyants». (Sourate al-Anbiyâ', 21: 87-88).

 

Là encore l'exaucement n'est pas une suite donnée à une demande, mais à un besoin et une angoisse exprimés, car Thû-l-Nûn n'avait présenté aucune requête, se bornant à dire à l'adresse d'Allah: «Gloire à Toi! J'ai été vraiment du nombre des injustes», lorsqu'Allah l'exauça et le délivra de ses soucis: «Nous l'exauçâmes et le sauvâmes de son angoisse».

 

3- Un autre exemple est l'histoire du Prophète Mûsâ (p) et de son frère Hârûn lorsqu'Allah leur demanda de porter Son message à Pharaon: «Allez chez Pharaon, il est rebelle; adressez-lui des paroles courtoises; peut-être réfléchira-t-il, ou éprouvera-t-il de la crainte? Tous deux dirent: "Notre Seigneur! Nous craignons qu'il ne l'emporte sur nous ou qu'il ne se montre rebelle».

 

Les deux frères n'ont pas demandé à Allah de les protéger contre Pharaon et sa clique, ni de leur assurer la sécurité dont ils ont besoin. Ils se sont contentés d'évoquer leur faiblesse et leur crainte de la puissance et de la terreur de Pharaon: «Notre Seigneur! Nous craignons qu'il ne l'emporte sur nous ou qu'il ne se montre rebelle». Pourtant Allah a pourvu à leur besoin de protection, de soutien et d'appui: «Allah dit: "Ne craignez rien, oui Je suis avec vous; J'entends et Je vois».

 

4- Le Prophète Nûh (Noé) exprima devant Allah son désir de sauver son fils du déluge: «Noé invoqua son Seigneur en disant: "Mon Seigneur! Mon fils appartient à ma famille. Ta promesse est sûrement la Vérité; Tu es le plus juste des juges».

 

Notons qu'ici Noé ne demande pas au Seigneur qu'Il sauve son fils, mais s'est limité à lui faire part de son besoin de le sauver du naufrage.

 

Dans l'hagiographie des Prophètes, on rencontre un exemple où l'exaucement est le résultat du concours de trois facteurs, ou l'effet de trois causes conjuguées: 1- le besoin (manque inconscient); 2- la demande ou la requête (manque conscient); 3- l'effort, le mouvement et l'action. Il s'agit de l'histoire du nourrisson Ismâ'îl (p) et de sa mère lorsqu'ils furent amenés par le Prophète Ibrâhîm (p) dans une vallée aride, sur ordre d'Allah. Une fois sur place, Ibrâhîm (p) les laissa là et les confia à la protection d'Allah en disant: «Ô Seigneur, j'ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans agriculture, près de Ta Maison sacrée (la Ka'bah), - ô notre Seigneur - afin qu'ils accomplissent la Çalât».

 

Lorsque l'eau laissée par Ibrâhîm (p) fut épuisée, le nourrisson Ismâ'îl, assoiffé, se mit à crier, à agiter les pieds et les mains, tandis que sa mère Hâger s'efforçait de chercher de l'eau en faisant le va-et-vient entre les monticules, Çafâ et Marwah, montant alternativement sur l'une et sur l'autre pour jeter un regard scrutateur sur le désert dans l'espoir de découvrir une source (c'est ce qu'on appelle, le sa'y = effort, une autre cause ou motif de la descente de la Miséricorde), tout en implorant Allah de lui trouver cette denrée rare qu'est l'eau dans cet endroit isolé et désertique (et c'est là la demande ou la prière de demande (le manque conscient). Après quoi, Allah répondit au besoin et au manque du nourrisson, aux efforts et au mouvement de la mère, à sa demande et sa prière, en faisant jaillir de la terre, aux pieds de l'enfant une source abondante (à l'endroit dit ZamZam aujourd'hui). En voyant le miracle, la mère descendit du monticule précipitamment pour abreuver son nourrisson et se mit à amasser de la terre pour la disposer en remblai autour de la source dans le but d'empêcher l'eau de se dissiper, tout en répétant le mot zam zam.

 

Cette scène que les pèlerins rejouent chaque année en commémoration de cet événement historique hautement symbolique constitue l'une des plus belles scènes de la relation du serviteur avec le Créateur, relation fondée sur trois points de départ:

 

1- Le besoin et le manque

 

2- L'effort et le mouvement

 

3- La prière de demande (do'â') et la sollicitation ou la requête.

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:29

Le deuxième moyen: la prière de demande et la sollicitation

 

Revenons aux moyens que l'Imam al-Sajjâd présente pour s'attirer la Miséricorde d'Allah pour rappeler que le premier de ces moyens est "son besoin et son manque", le second en est "le do'â'", lequel constitue l'une des principales clés de la Miséricorde". En effet Allah dit: «Appelez-Moi, Je vous répondrai». (Sourate Ghâfir, 40: 60) et: «Mon Seigneur ne se souciera pas de vous sans votre do'â'». (Sourate al-Furqân, 25: 77).

 

Le troisième moyen: l'amour

 

Le serviteur attire la Miséricorde d'Allah par l'amour plus que par n'importe quel autre moyen.

 

Maintenant examinons les détails de ces trois moyens dans les munâjât de l'Imam al-Sajjâd (p):

 

1- «Ton agrément est mon désir, Te voir est mon besoin, Tu possèdes le remède de ma maladie, l'apaisement de ma passion, le soulagement de ma souffrance, la dissipation de mon affliction».

 

Ce sont là les composants du moyen de "besoin-manque".

 

2- «Ton voisinage est l'objet de ma sollicitation, Ta proximité est le but de ma demande. Sois donc mon compagnon dans ma solitude, le conjurateur de mon trébuchement, le pardonneur de mon faux pas, l'acceptant de mon repentir, l'exauçant de ma prière, le tuteur de ma protection, le pourvoyeur de mon besoin».

 

Le moyen ici est "le do'â'".

 

3- «C'est Toi, à l'exclusion de tout autre, que je veux, et c'est pour Toi, à l'exclusion de tout autre, ma veille et mon insomnie! Ta rencontre est la prunelle de mes yeux, Ton lien avec moi est mon âme! Mon désir c'est Toi, ma passion c'est Ton amour».

 

Et là, c'est le moyen de "l'amour".

 

Méditons à présent sur cette séquence des paroles d'al-Sajjâd (p), qui constitue un vrai et un merveilleux chef-d'oeuvre du genre, car le do'â', tout comme l'art et la littérature possède des chefs-d'oeuvre:

 

«Ma pensée s'est coupée de tout pour se concentrer sur Toi et mon désir s'est éloigné de tout pour se diriger vers Toi, car c'est Toi à l'exclusion de tout autre que je veux, et c'est pour Toi, à l'exclusion de tout autre, ma veille et mon insomnie, Ta rencontre est la prunelle de mes yeux etc.».

 

Ici nous avons traduit littéralement cette séquence de munâjât dont nous avions présenté un long passage dans la première partie de notre livre, pour mieux faire ressortir des nuances très significatives dans les expressions employées par l'Imam. Car al-Sajjâd (p) ne dit pas «ma pensée s'est concentrée sur Toi» - puisque la concentration de la pensée sur Allah n'exclut pas la possibilité de la concentration sur un autre, quand bien même le serviteur concentre sincèrement sa pensée sur le Miséricordieux -, mais «ma pensée s'est coupée de tout pour se concentrer sur Toi». Il y a donc dans la relation de l'Imam avec Allah une coupure avec tout ce qui n'est pas Allah, et une concentration exclusive sur Lui. Et dans tout amour sincère il y a "séparation" et "attachement": séparation ou rupture avec tout sauf Allah, est un attachement à Allah, à tout ce qu'Il aime et à tout ce qu'Il ordonne, en un mot, une rupture avec les créatures en vue d'un attachement exclusif au Créateur.

 

Il en va de même pour la seconde phrase: «mon désir s'est éloigné de tout pour se diriger vers Toi». La relation avec Allah comporte ici également, un "éloignement" de tout ce qui n'est pas Lui, le mouvement exclusif vers Allah, vers tout ce qu'Il aime et vers tout ce qu'Il ordonne.

 

Puis la troisième phrase vient confirmer d'une façon on ne peut plus éloquente cette vérité de l'amour sincère comportant deux volets, un attachement exclusif à Allah et une rupture totale avec tout ce qui n'est Lui: «car c'est Toi, à l'exclusion de tout autre, que je veux, et c'est pour Toi, à l'exclusion de tout autre, ma veille et mon insomnie».

 

"Veille" et "insomnie" sont deux contraires du sommeil, mais le premier, "la veille", consiste à veiller dans un état de "plaisir", alors que le second, "l'insomnie" exprime un état dans lequel quelqu'un est privé du sommeil à cause des soucis et des préoccupations, en l'occurrence la nostalgie et le désir d'Allah. Ils représentent donc deux des états de l'amour d'Allah: "le désir et le plaisir", le plaisir du souvenir d'Allah et de Sa présence auprès du serviteur, lorsque celui-ci se plonge dans les prières, le do'â' et les invocations, d'une part, et le désir de Le rencontrer, d'autre part. L'aimant ou l'amoureux éprouve les deux états (le plaisir et le désir) lorsqu'il s'élève et se présente, recueilli, devant le Créateur, et tous les deux lui ôtent le sommeil et lui causent l'insomnie, pendant que les gens dorment profondément et se reposent tranquillement, totalement inconscients.

 

Le sommeil est évidemment un besoin que tout le monde satisfait, aussi bien les bons serviteurs que les méchants. Même les Prophètes et les véridiques dorment. Mais il y a une grande différence entre quelqu'un ne dort que le temps nécessaire pour satisfaire son strict besoin de sommeil, tout comme il ne mange et ne boit que le strict nécessaire pour le besoin de son organisme, et un autre qui se livre totalement au sommeil et se laisse sous son emprise.

 

Les serviteurs dévoués d'Allah ne se rendent pas au sommeil. Ils ne dorment que le laps de temps nécessaire pour leur organisme. Le Prophète (P) par exemple ne dormait que très peu et se réveillait après chaque petit somme pour s'adonner aux prières et aux invocations. Il ordonnait que l'on déposât près de sa tête de l'eau pour faire le wudhû' (ablution) lorsqu'il se réveillait après chaque court sommeil. Lorsqu'on lui étalait un lit doux et confortable, il ordonnait que l'on l'enlève, de crainte que le confort ne suscite en lui l'envie de se laisser dominer par le sommeil. Il préférait dormir sur une natte rude qui l'empêche de se livrer à un sommeil profond.

 

En fait Allah a accordé une place particulière à la nuit, aux invocations et aux munâjât nocturnes, place différente de celle attachée aux actes d'adoration diurnes. De même que le jour a ses hommes, la nuit a ses hommes aussi: ils se lèvent lorsque les gens dorment, et s'activent et se dirigent vers Allah, lorsque les autres se relaxent et s'allongent sur leurs lits douillets, avant de plonger dans un sommeil de plomb.

 

La nuit a son monde comme le jour a le sien. Le monde nocturne a ses trésors comme le monde diurne a les siens. Mais si tout le monde connaît le monde diurne, ses hommes et ses trésors, peu de gens connaissent la valeur du monde nocturne, de ses hommes et de ses trésors.

 

Lorsque l'homme exploite aussi bien les ressources de la nuit que celles du jour, il devient mûr, sain et équilibré. Ainsi le Noble Prophète était à la fois un homme de nuit et l'homme de jour. Il puisait dans celle-là et celui-ci d'une façon équilibrée. De la nuit il épuisait les ressources de l'amour, du dévouement et de l'invocation (d'Allah), et du jour il s''Alîmentait des sources de la force, du pouvoir et des finances, afin mener à bien l'Appel à l'Islam et l'asseoir sur une base solide. La veille et les prières de la nuit l'aidaient à supporter la lourde charge du Message. Allah, s'adressant au Prophète (P) dit à ce sujet:

 

«Ô toi qui es enveloppé de vêtements! Lève-toi pour prier la nuit, excepté une petite partie; sa moitié ou un peu moins; ou un peu plus. Et récite le Coran, lentement et clairement. Nous allons te révéler des paroles très importantes. La prière pendant la nuit est plus efficace et plus propice pour la récitation. Tu as, dans la journée, à vaquer à de longues occupations»

 

Dans un hadith qudsî (divin) révélé à l'un des véridiques (çiddîqîn), à propos des prières pendant la nuit Allah dit:

 

«J'ai des serviteurs qui M'aiment et que J'aime, qui Me désirent et que Je désire, qui M'invoquent et dont Je me souviens, qui Me regardent et que Je regarde. Si tu suis leur voie, ils t'aimeront, et si tu te détournes d'eux, ils te détesteront».

 

- À quoi peut-on les reconnaître?, demanda le véridique. Allah dit:

 

«Ils surveillent les ombres pendant le jour comme le berger surveille ses moutons, et ils désirent (recherchent) le coucher du soleil, comme l'oiseau désire son nid au crépuscule. Lorsque la nuit tombe, que l'obscurité se répand, que les tapis sont étalés et les lits faits, et que chaque bien-aimé se retire auprès de son bien-aimé, ils dressent leurs pieds pour Moi, dirigent leurs faces vers Moi, monologuent avec Moi en récitant Ma Parole (...), les uns en pleurant, d'autres en criant, d'autres en soupirant, d'autres en poussant des complaintes; les uns en position assise, d'autres en position debout, d'autres en état d'agenouillement, d'autres prosternés. Je vois ce qu'ils endurent pour Moi et J'entends ce dont ils se plaignent. Mon premier don pour eux consiste en trois choses:

 

1- Je projette des rayons de Ma Lumière dans leurs coeurs, et de ce fait, ils sauront de Moi, ce que Je sais d'eux;

 

2- Si les cieux et la terre étaient mis dans leurs balances, Je les trouverai insuffisants pour eux;

 

3- Je dirige Ma Face vers eux. Et, crois-tu que quelqu'un soit capable de savoir ce que Je vais donner à celui vers lequel Je dirige Ma Face?»

 

On rapporte de l'Imam al-Bâqer (p) qu'Allah avait révélé au Prophète Mûsâ Ibn 'Imrân (p):

 

«Aura menti quiconque dit qu'il M'aime tout en Me délaissant pour dormir à la tombée de la nuit. Ô Ibn 'Imrân! Si tu voyais ceux qui veillent pendant l'obscurité alors que Mon souffle se représente devant leurs yeux. Ils s'adressent à Moi, alors que Je suis hors de la vue, et ils Me parlent, alors que Je suis au-dessus de la présence! Ô Ibn 'Imrân! Verse pour Moi tes larmes et montre-Moi le recueillement de ton coeur, puis prie-Moi pendant l'obscurité de la nuit, tu Me trouveras tout près de toi, répondant (à ton appel ou ta prière)!».

 

Dans son prône à propos des pieux, l'Imam 'Alî (p) décrit l'état de ces serviteurs dévoués lorsque la nuit tombe et qu'ils se présentent devant Allah en Lui adressant leurs monologues:

 

«La nuit, ils mettent en rang leurs pieds pour réciter le Coran lentement et clairement. Ils s'en servent pour se réconforter et rendre efficace le remède de leurs maux. Lorsqu'ils rencontrent un verset qui comporte un intéressement, ils s'y fient par espérance, y aspirent avec désir, et croient que cela est à la portée de leur vue. En revanche, lorsqu'ils passent par un verset qui inspire la crainte, ils l'écoutent avec l'ouïe de leurs coeurs, et ont l'impression que l'inspiration et l'expiration de l'enfer frappent le fond de leurs oreilles. Aussi courbent-ils leurs bustes, et posent-ils leurs fronts, les paumes de leurs mains, leurs genoux et les bouts de leurs pieds sur le sol en demandant à Allah de leur accorder le salut. Tandis que le jour, ils sont indulgents, savants, purs et pieux. Ils sont démaigris par la crainte révérencielle, comme les flèches. Lorsqu'on les voit, on dirait qu'ils sont malades; mais constatant qu'ils ne le sont pas, on se dit: ils sont obsédés (par la crainte d'Allah)».

 

 

 

D'autres figures du désir d'Allah dans les Munâjât de l'Imam al-Sajjâd (p)

 

«Ô mon Dieu! Fais que je sois au nombre de ceux dont les arbres de Ton désir se sont enracinés dans les jardins de leurs poitrines, dont le chagrin de Ton amour a envahi leurs coeurs, ceux qui se réfugient dans les gîtes de la pensée, qui se nourrissent à satiété dans les jardins de la Proximité et du dévoilement, qui s'abreuvent dans les bassins de l'amour avec des coupes de plaisir (...) ceux devant les yeux intérieurs desquels le voile a été enlevé, ceux dont les croyances et les consciences se sont débarrassés de l'obscurité du doute, (...) ceux des coeurs et des fors intérieurs desquels le tourment de l'incertitude a disparu, ceux dont les poitrines se sont élargies par l'accession à la connaissance (...) ceux qui se sont rassurés de leur retour vers le Seigneur, ceux dont les âmes se sont assuré l'obtention de la victoire et du succès, ceux qui ont trouvé la consolation en regardant leur Bien-Aimé (...) ceux qui ont réalisé un commerce rentable en troquant la vie d'ici-bas contre la Vie éternelle...

 

Ô mon Dieu! Quels délices pour les coeurs que Tu inspires! Que c'est beau que d'avoir l'illusion de marcher vers Toi sur les sentiers du mystère! Que c'est délicieux la saveur de Ton amour! Que c'est agréable le boire de Ta proximité! Épargne-nous donc l'expulsion et l'éloignement de Ton voisinage! Place-nous parmi les plus intimes de ceux qui Te connaissent, les plus pieux de Tes serviteurs, les plus sincères de ceux qui T'obéissent, et les plus dévoués de ceux qui T'adorent!».

 

Il n'est pas question ici de nous écarter de notre sujet pour commenter ce merveilleux munâjât dont la beauté, l'éloquence et le style pittoresque se passent de commentaire. Toutefois, il est important de nous attarder un peu sur la première séquence du munâjât de l'Imam: «Ô mon Dieu! Fais que je sois au nombre de ceux dont les arbres de Ton désir se sont enracinés dans les jardins de leurs poitrines et dont le chagrin de Ton amour a envahi leurs coeurs!».

 

L'image qui ressort de la parole de l'Imam al-Sajjâd (p) présente les poitrines ou les coeurs des amis d'Allah comme des jardins joyeux et pleins de bons fruits, et laisse entendre que ces poitrines revêtent différentes formes:

 

Certaines poitrines sont des bureaux et des écoles d'apprentissage du savoir. Or, le savoir est une bonne chose et une lumière, mais à condition que la poitrine qui le contient demeure un jardin du désir d'Allah.

 

Certaines autres poitrines sont des fonds de commerce, des banques et des places boursières, pleins de chiffres, de statistiques et de bilans. L'argent et le commerce n'ont rien de répréhensible, bien au contraire, mais à condition qu'ils ne deviennent la préoccupation première et le souci principal du coeur.

 

D'autres poitrines se présentent comme des terrains salins où poussent les épines et les coloquintes, les poisons et les haines, la lutte pour le pouvoir et l'argent, les complots et les intrigues.

 

D'autres poitrines encore constituent des terrains de jeux et des lieux de distraction. Rien d'étonnant, car pour une grande partie des gens, la vie est jeux et distractions.

 

Enfin, il y a des gens dont la poitrine se scinde en deux parties: une partie est occupée aux venins, aux haines, aux intrigues et aux complots; et l'autre, aux distractions et aux jeux. Si la première partie venait à leur causer des soucis et des ennuis qui bradent leur quiétude et troublent leur stabilité, ils se réfugient dans l'autre partie et recourent aux distractions pour se soustraire aux tourments de la première partie.

 

Quant aux poitrines des amis d'Allah, se sont des jardins de joie et de bons fruits, comme le dit l'Imam al-Sajjâd (p). Des jardins dans lesquels les arbres du désir d'Allah sont plantés solidement et dont les racines se sont enfoncées profondément. Le désir d'Allah n'y est pas un élément accidentel, passager, susceptible d'être emporté par le premier vent que l'attrait, les artifices ou le sourire de la vie d'ici-bas pourrait faire se lever. C'est un désir qui ne s'émousse pas, et ses feuilles ne se fanent pas lorsque le serviteur qui l'éprouve venait à sombrer sous une accumulation d'épreuves et de malheurs, car les arbres d'un tel désir, lorsqu'ils sont bien enracinés dans la poitrine, demeurent verts et feuillés, et continuent à porter leurs fruits malgré toutes les intempéries.

 

L'état de désir est un état d'allégement et de vivacité, contraire à l'état de pesanteur de ceux qui sont attachés aux artifices de ce bas-monde, comme nous les décrit le Coran:

 

«Qu'avez-vous? Lorsqu'on vous dit: "Élancez-vous dans le Chemin de Dieu", vous vous appesantissez sur la terre. Préférez-vous la vie de ce monde à la vie future?»

 

En effet l'âme se relâche et éprouve des pesanteurs à mesure qu'elle s'attache et s'accroche à ce monde. Mais lorsque le serviteur se détache et se libère de la vie d'ici-bas et de ses chaînes, il se sent soulagé du poids de ce monde, et dès lors l'amour et le désir d'Allah l'attirent plus facilement.

 

Arrêtons ici notre exposé sur les images de l'amour, du désir et du plaisir dans les do'â' des Imams d'Ahl-ul-Bayt (p), pour poursuivre les autres aspects de l'amour divin.

 

 

 

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 21:28

L'unicité de l'amour divin (Les caractéris-tiques de l'amour)

 

Lorsque nous passons en revue les textes du Coran et de la Sunnah sur l'amour divin, nous remarquons qu'ils fixent trois critères à ce sujet :

 

1- La primauté de l'amour divin

 

Il faut que le croyant aime Allah plus que tout autre et plus que tout, et que le pouvoir de cet amour domine tout dans son coeur, car Allah dit:

 

«Dis: "Si vos pères, vos fils, vos frères, vos clans, les biens que vous avez acquis, un négoce dont vous craignez le déclin, des demeures où vous vous plaisez, vous sont plus chers que Dieu et Son Messager et la lutte sur le Chemin d'Allah: attendez-vous à ce qu'Allah vienne avec Son Commandement". Allah ne dirige pas les gens pervers».

 

Le Coran n'interdit pas l'amour des parents, des enfants, des frères, des soeurs, des conjoints, de la tribu etc. tant qu'ils ne sont pas hostiles à Allah et à Son Prophète. Il n'interdit pas non plus l'amour des biens, du commerce, des maisons etc. tant qu'ils ne sont pas illégaux, puisqu'Allah dit:

 

«On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent: femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs».

 

Ce qu'il interdit, c'est que cet amour soit plus fort que l'amour d'Allah, de Son Prophète et du combat sur Son Chemin. Le Coran dit encore:

 

«Certains hommes prennent des associés en dehors d'Allah; mais les croyants sont les plus zélés dans l'amour d'Allah».

 

Ce troisième verset complète le premier, pour insister sur le fait que l'amour d'Allah doit l'emporter sur tout autre amour, puisque dans le premier verset Allah condamne ceux qui aiment quelqu'un d'autre plus que Lui, et dans le troisième, Il fustige ceux qui aiment quelqu'un d'autre que Lui autant que Lui.

 

Selon l'Imam al-Sâdiq (p): «On n'aura pas une foi pure et sincère en Allah, tant qu'on ne L'aura pas aimé plus que soi-même, son père, sa mère, ses enfants, sa famille, ses biens et tout le monde».

 

L'emprise de l'amour divin sur le coeur du croyant n'est pas une question théorique, dissociée de l'ensemble des activités de sa vie, de sa conduite et de ses relations. L'amour divin a ses exigences, ses nécessités et ses conséquences: s'il en est dissocié, ce ne serait pas un amour sincère. En d'autres termes, il ne suffit pas de dire ou de croire que l'amour d'Allah habite dans nos coeurs; il faut que nos actes le démontrent. Le Coran dit:

 

«Dis: "Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors...».

 

Lorsqu'un autre amour habite le coeur du croyant et que les exigences et les impératifs de cet amour s'opposent à ceux de l'amour d'Allah, c'est l'amour d'Allah qui doit l'emporter, avoir le dernier mot et être le plus agissant. Là seulement, le croyant peut croire à la sincérité de son amour d'Allah.

 

Les textes islamiques abondent en ce sens et insistent sur la nécessité de la prééminence de l'amour divin dans le coeur du croyant. Ainsi, le Prophète(P) dit:

 

«Ô mon Dieu! Je sollicite auprès de Toi Ton amour et l'amour de ceux qui T'aiment, et le moyen (l'action) qui me guide vers Ton amour. Ô mon Dieu! Fais que Ton amour soit plus aimé de moi que moi-même et ma famille».

 

Et:

 

«Ô mon Dieu! Fais que je T'aime plus que toute autre chose, et que je Te craigne plus que toute autre chose! Coupe de moi les besoins de ce monde par le désir de Ta rencontre! Si Tu as consolé les gens attachés à ce monde avec ce qu'ils en désirent, console-moi avec Ton adoration!».

 

2- Le gouvernement de l'amour d'Allah

 

Il faut que l'amour d'Allah gouverne la vie du croyant, ses relations et ses inclinations, de telle sorte qu'il devienne le gouverneur de son coeur, le moteur et le régulateur de ses sentiments et de ses sensations: il supprime dans le coeur du croyant tous sentiments d'amour et de haine qui ne concordent pas avec lui, et y fait naître et développer des types de sentiments d'amour et de haine qu'Allah approuve. Car comme il a été déjà dit: il n'est pas interdit que le croyant aime et déteste, et qu'il éprouve toutes sortes d'autres sentiments, mais il se doit d'orienter ses sentiments d'amour, de haine, de mécontentement et de satisfaction vers les endroits voulus ou agréés par Allah. Ainsi, un sentiment d'amour qui s'inscrit dans le prolongement de l'amour d'Allah, Allah le commande, et un sentiment d'amour qu'Allah n'interdit pas, l'Islam l'approuve. Le sentiment de haine envers les ennemis d'Allah, par exemple, Allah nous ordonne de le développer.

 

En bref, nous avons insisté jusqu'ici sur un premier point qui caractérise l'amour sincère d'Allah, à savoir que le croyant peut aimer pour lui-même, c'est-à-dire éprouver un amour qui n'est pas lié à l'amour d'Allah, mais à condition, que cet amour ne soit pas plus fort que son amour d'Allah. Le second point caractéristique de l'amour d'Allah sur lequel nous attirons l'attention ici, est que le croyant peut aimer ce qu'il veut, mais à condition que cet amour ne soit en opposition ou en contradiction avec l'amour d'Allah. Le Coran dit à ce propos:

 

«Ô vous qui croyez! Ne prenez pas pour amis vos pères et vos frères, s'ils préfèrent la mécréance à la Foi. Ceux d'entre vous qui les prendraient pour amis, seraient injustes».

 

Ici, le Coran ne reproche pas à cette catégorie de croyants d'aimer leurs pères et frères plus qu'Allah, mais de les aimer malgré leur mécréance. Aussi Allah les a -t-Il mis en garde contre cet amour et cette amitié injustes, car comment peut-on aimer à la fois Allah et Ses ennemis, les mécréants!? Notons au passage, pour mieux saisir le sens de ce verset, qu'il a été révélé à propos de "Hâtib Ibn Balta'ah" qui avait fait parvenir à son peuple mécréant une information faisant état de la marche du Prophète (P) sur leur région. Il ne fait pas de doute que ce personnage était un croyant, et que son amour des siens n'était pas plus fort que son amour d'Allah, mais il les aimait quand même, malgré leur hostilité affichée à Allah et à Son Messager (P).

 

Le coeur du croyant sincère ne saurait vibrer (palpiter) en même temps pour deux bien-aimés opposés: Allah et Ses ennemis. C'est seulement lorsque son coeur se sera dévoué à Allah et qu'il soumettra tous ses sentiments et toute son affectivité au contrôle d'Allah, qu'il sera libre d'aimer et de détester ce qu'il veut, mais toujours dans les limites des critères des enseignements islamiques.

 

Ainsi, si le croyant est sincère dans son amour d'Allah, il n'a pas à donner libre cours à ses sentiments, les débrider, et se laisser traîner par eux. Il ne doit pas non plus nouer des relations et des liens avec n'importe qui et n'importe comment. C'est l'amour d'Allah qui doit déterminer scrupuleusement ses relations et ses penchants. Les premiers Musulmans, n'hésitaient pas, lorsque le cas l'exigeait, à tuer leurs pères, leurs frères et leurs oncles mécréants qui menaçaient les adeptes de l'Islam. L'Imam 'Alî (p) dit à ce propos:

 

«Nous tuions, avec le Messager d'Allah, nos pères, nos fils, nos frères et nos oncles... Ceci ne faisait qu'augmenter notre Foi et notre soumission à Allah, notre détermination à poursuivre la route, notre endurance de la brûlure de la douleur, notre sérieux dans le combat contre l'ennemi (...). Et lorsqu'Allah a vu notre sincérité, Il a apporté l'humiliation à l'ennemi, et la victoire à nous, et ce jusqu'à ce que l'Islam fût établi»

 

Ce hadith appelle deux commentaires:

 

1- La parole de l'Imam: «Ceci ne faisait qu'augmenter notre Foi et notre soumission à Allah», sous-tend une loi divine, à savoir "le rapport direct entre le sacrifice d'une part, la foi et l'amour de l'autre", ou en d'autres termes plus il y a souffrances et épreuves, plus la Foi et l'amour d'Allah se renforcent. Or, peu de gens sont au fait de cette loi, car la plupart d'entre eux croient généralement que c'est le contraire qui est vrai, c'est-à-dire qu'ils conçoivent un rapport inverse entre les deux termes de la proposition: les souffrances et les épreuves viennent à bout de la résistance et de la patience de l'homme et finissent par entamer sa foi et son amour d'Allah.

 

2- La corrélation étroite entre l'amour et l'amitié sincères d'une part, la victoire de l'autre: «Et lorsqu'Allah a vu notre sincérité, Il a apporté l'humiliation à l'ennemi, et la victoire à nous». C'est dire que la victoire n'est accordée que lorsqu'il y a sincérité dans l'adhésion du combattant à sa cause et à son combat. Or, ce qui vaut pour le champ de bataille vaut aussi pour le coeur: la sincérité et le dévouement dans l'amour qu'éprouve le croyant envers son Créateur. Le croyant ne sera sincère dans son amour d'Allah que lorsqu'il aura été capable de soumettre tous ses sentiments et ses relations au contrôle de son amour du Miséricordieux.

 

 

 

La carte de l'amour et de la haine

 

L'amour d'Allah dessine au croyant une carte très précise de ses relations, de ses connaissances, de ses ennemis et de ses amis. A partir de cette carte le croyant peut distinguer avec une parfaite précision ses amis de ses ennemis, les siens des étrangers.

 

C'est une carte étonnante: elle rapproche le lointain et éloigne le prochain, elle fait entrer un étranger dans une famille et en expulse un membre. Ainsi le fils de Noé est écarté de la famille de Noé et devient étranger à son père. Allah interdit à Noé de s'enquérir auprès de Lui du sort de son fils: «Noé invoqua son Seigneur en disant: "Mon Seigneur! Mon fils appartient à ma famille. Ta promesse est sûrement la Vérité; Tu es le plus juste des juges". Il répondit: "Ô Noé! Celui-là n'appartient pas à ta famille, car il a commis un acte infâme. Ne Me demande pas ce que tu ne connais pas» alors que Salmân, le Persan entre dans la Famille du Prophète et devient Salmân, le Mohammadien, dont le Messager d'Allah dit: «Salmân fait partie de nous, les Ahl-ul-Bayt».

 

À ce sujet al-Cheikh al-Mufîd rapporte le hadith suivant: «Un jour on évoqua les mérites de Salmân et de Ja'far al-Tayyâr (le frère de l'Imam 'Alî) en présence de l'Imam Ja'afar al-Sâdiq (p), qui était assis, adossé. Certains, parmi l'assistance, ont exprimé leur préférence pour le second (Ja'far al-Tayyâr) en rappelant que le premier (Salmân) avait été zoroastrien (adorateur du feu), converti à l'Islam. L'Imam Sâdiq redressa le buste et dit sur un ton de colère, à l'adresse de son compagnon Abû Baçîr: "Ô Abû Baçîr! Allah en a fait un Alawîte après qu'il eut été zoroastrien, et un Quraichite (la tribu du Prophète) après qu'il eut été persan. Que les prières d'Allah soient donc sur Salmân. Quant à Ja'far (al-Tayyâr), il occupe une haute position auprès d'Allah: il volera avec les Anges au Paradis"».

 

Cette carte de l'amour et de la haine, des amis et des ennemis est différente de celles que les gens connaissent habituellement. Elle répartit et classe les gens dans deux fronts distincts: le front des amis, des partisans et des amoureux d'Allah, et le front des ennemis d'Allah, abstraction faite de la différence du degré respectif de l'amour ou de l'hostilité qui existe entre les gens de chacun des deux fronts.

 

 

 

Aimer pour Allah et détester pour Allah

 

Le croyant n'a pas une liberté absolue dans le choix de son amour et de ses inclinations. Il doit suivre minutieusement les lignes vertes et les lignes rouges de cette carte, dans ses sentiments, ses inclinations et ses relations, en aimant ce qu'Allah aime et lui ordonne d'aimer, et en désapprouvant ce qu'Allah désapprouve et lui demande de désapprouver. Il n'atteindra à l'essence de la Foi et ne sera pas sincère dans sa foi sans cet amour envers les amis et les amoureux d'Allah, et cette désapprobation des ennemis d'Allah. Il faut qu'il aime tous ceux qu'Allah aime, et qu'il déteste tous ceux qu'Allah déteste. Même le Noble Prophète (P), il ne doit l'aimer que par amour pour Allah et que parce qu'Allah l'aime. C'est ce que le Messager d'Allah, lui-même nous ordonne de faire: «Aimez Allah pour les bienfaits qu'Il vous prodigue, puis aimez-moi par amour pour Allah, et aimez mes Ahl-ul-Bayt (les Membres de ma Famille) par amour pour moi»

 

De cette façon s'enchaîne, s'étend et se ramifie l'amour pour Allah pour comprendre et inclure tous les saints de l'Islam, tous les serviteurs pieux et tous les amis d'Allah, et de la même façon s'enchaîne le sentiment de haine, d'hostilité et de détestation envers les ennemis d'Allah, pour comprendre tous ceux qui font preuve d'inimitié envers Allah et Son Prophète, et tous ceux qu'Allah et Son Prophète détestent ou qui détestent Allah et Son Prophète.

 

Les quelques hadiths suivants montrent que les textes islamiques relatifs à l'amour d'Allah et la haine de ses ennemis, répartissent le champ de l'humanité en deux fronts symétriques: le front des amis et des intimes d'Allah, quel que soit le degré de leur amitié et de leur amour, d'une part, le front des ennemis d'Allah, quel que soit le degré de leur hostilité et de leur inimitié, de l'autre:

 

1- Le Messager d'Allah (P) dit à l'un de ses Compagnons: «Ô 'Abdullah! Aime pour Allah et déteste pour Allah, soit l'ami des amis d'Allah et l'ennemi des ennemis d'Allah, car on n'atteindra à l'amitié d'Allah que de cette façon; et sans cela personne ne goûtera la saveur de la foi, quel que soit le grand nombre de ses prières et de ses jours de jeûne».

 

2- Al-Barqî rapporte dans "al-Mahâsin" le hadith suivant relaté par Abû Baçîr: «J'ai entendu Abû 'Abdullâh (l'Imam al-Sâdiq) dire: "Ceux qui s'aiment par amour pour Allah seront assis, le Jour du Jugement, sur des chaires de lumière. La lumière de leurs corps et de leurs chaires illuminent tellement tout autour d'eux, qu'on les reconnaît à ce signe et qu'on en dit: Voilà les gens qui s'aiment par amour pour Allah"».

 

3- L'Imam al-Sâdiq (p) dit: «La plus solide des anses de la Foi consiste à aimer pour Allah, détester pour Allah, donner pour Allah, et se retenir pour Allah - le Très-Haut».

 

4- Selon l'Imam al-Sâdiq (p): «Quiconque aime un mécréant, aura détesté Allah, et quiconque déteste un mécréant aura aimé Allah. (...) En fait, par Allah, l'ami de l'ennemi d'Allah est l'ennemi d'Allah».

 

5- Selon l'Imam Abû Ja'far (p): «Allah a révélé à un Prophète: "Pour ce qui concerne ton ascétisme dans ce monde, il hâte pour toi le repos, et quant à ton attachement exclusif à Moi, il consolide ton lien avec Moi. Mais as-tu fait montre d'hostilité envers un ennemi à Moi, ou d'amitié envers un ami à Moi?"».

 

6- Selon l'Imam al-Sâdiq (p): «Celui qui aime pour Allah, déteste pour Allah, donne par amour pour Allah, et se retient pour Allah, aura complété sa Foi».

 

7- Selon l'Imam al-Sâdiq (p): «Le Messager d'Allah (P) demanda un jour à ses Compagnons: "Quelle est l'anse la plus solide de la Foi?". "Allah et Son Prophète le savent mieux que nous", répondirent certains. D'autres énumérèrent respectivement: la Prière, la Zakât, le Jeûne, le Hajj et la 'Omrah (Pèlerinage mineur), le Jihâd. Le Prophète (P) dit alors: "Tout ce que vous avez énuméré a ses mérites, mais ce n'est cela (la réponse). La plus solide anse de la Foi consiste à aimer pour Allah, détester pour Allah, être l'ami des amis d'Allah et rejeter et désapprouver les ennemis d'Allah».

 

9- Selon l'Imam 'Alî Ibn al-Hussain al-Sajjâd (p): «Lorsqu'Allah rassemblera les premiers et les derniers (hommes de l'Humanité), un crieur se mettra à crier: "Où sont les combattants d'Allah?" Une partie des gens se lèveront, et il leur dira: "Allez au Paradis sans compte (jugement)". Lorsqu'ils se dirigeront vers le Paradis et qu'ils rencontreront les Anges, ceux-ci leur demanderont: "Où allez-vous?" Ils répondront: "Au Paradis, sans compte". "Et quelle sorte de gens êtes-vous?", leur demanderont encore les Anges. "Nous sommes les combattants d'Allah", diront-ils. "Et quelle a été votre action?", les interrogeront les Anges. "Nous aimions pour Allah et nous détestions pour Allah", affirmeront-ils. "Belle récompense pour une bonne action!", diront les Anges"».

 

10- Selon l'Imam Abû Ja'far (p): «Si tu voulais savoir si tu es quelqu'un de bien, scrute alors ton coeur; s'il aime les gens qui obéissent à Allah et déteste les gens qui Lui désobéissent, sache que tu es quelqu'un de bien et qu'Allah t'aime, mais si tu constates qu'il déteste les gens obéissant à Allah et qu'il aime ceux qui Lui sont désobéissants, sache alors, qu'il n'y a rien de bien en toi et qu'Allah te déteste, car l'homme sera réuni avec celui qu'il aime».

 

11- Selon l'Imam al-Sâdiq (p): «Quiconque ne suis pas (les enseignements de) la Religion dans l'amour et la haine, n'a pas de Religion».

 

12- Le Prophète (P) dit: «Si deux serviteurs, l'un à l'est, l'autre à l'ouest, s'aimaient pour Allah, Il les réunira le Jour de la Résurrection».

 

Et:

 

«La meilleure des bonnes actions consiste à aimer pour Allah et détester pour Allah».

 

Et (cité par Anas):

 

«Aimer pour Allah est une obligation tout comme détester pour Allah est une obligation».

 

13- On rapporte qu'Allah demanda au Prophète Mûsâ (Moïse) (p):

 

«As-tu accompli une action pour Moi?

 

- Oui! J'ai prié pour Toi, j'ai jeûné pour Toi, j'ai fait l'aumône pour Toi, et j'ai fait les invocations pour Toi!

 

Allah - Il est Sublime - lui dit:

 

- Ta Prière est la preuve de ta soumission (à Allah), ton jeûne te conduira au Paradis, ton aumône te servira d'ombre, et tes invocations, de lumière! Alors, qu'est-ce que tu as fait pour Moi?

 

Mûsâ (p) demanda:

 

- Indique-moi une action qui serait pour Toi!

 

Allah lui dit:

 

- As-tu noué d'amitié avec un ami à Moi? T'es-tu jamais montré hostile à un ennemi à Moi?

 

Mûsâ (p) comprit alors que la meilleure des actions consiste à aimer pour Allah et détester pour Allah».

 

 

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Hadith du jour

 

 

 

Excellence du mois de Ramadhan

 

Le Saint Prophète (saw) a dit : Ô vous les gens ! Nul doute, le mois d’Allah est venu à vous. Ce mois est pour Allah le plus noble des mois. Ses jours sont les meilleurs des jours, ses nuits les meilleurs des nuits et ses moments les meilleures des moments.

 

(Bihar al-Anwaar, vol 96, pg 356) 40 Ahadith Sur Le Mois De Ramadhan

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