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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 00:32

Le Hezbollah

par Lara Deep

La résistance, la politique et la règle du jeu


En 1985, Israël se retira d'une grande partie du territoire libanais, mais il continua à occuper la partie sud du pays, contrôlant environ un dixième du Liban au moyen à la fois de soldats israéliens et d'une milice de supplétifs libanais, l'Armée du Liban Sud (ALS). La Résistance islamique du Hezbollah prit la direction des opérations, même si d'autres contingents participaient à la lutte contre l'occupant. Le parti oeuvra également à défendre et représenter les intérêts des Chiites dans la politique libanaise.
La guerre civile libanaise prit fin en 1990, après la signature, l'année précédente, des accords de Ta'if. Ces accords réaffirmaient une variante du Pacte National, en accordant plus de pouvoir au Premier ministre et en augmentant le nombre des ministres musulmans au gouvernement. Mais même si la force numérique ou confessionnelle des divers constituants de la population libanaise est vivement contestée, les analystes les plus prudents estiment qu'à la fin de la guerre civile, les musulmans chiites représentaient au minimum un tiers de la population, soit la plus importante communauté confessionnelle. D'autres estimations sont encore bien plus élevées.
Lorsque les premières élections d'après-guerre civile furent tenues au Liban, en 1992, beaucoup des différentes milices (qui, bien souvent, émanaient de partis politiques) retrouvèrent leur statut de parti politique, et ces partis participèrent aux élections. Le Hezbollah décida, lui aussi, d'y prendre part, déclarant son intention de travailler dans le cadre du système politique libanais existant, tout en conservant ses armes afin de poursuivre sa campagne de guérilla contre l'occupation israélienne dans le sud, comme les accords de Ta'if l'y autorisaient. A ces premières élections, le parti remporta huit sièges, ce qui lui conféra le plus important groupe parlementaire dans le Parlement fort de cent vingt-huit sièges, ses alliés remportant quatre sièges supplémentaires. Depuis lors, le Hezbollah s'est gagné la réputation, même chez ceux qui rejettent véhémentement son idéologie, de parti politique "propre" et compétent, tant au niveau national qu'au niveau local. Cette réputation est tout particulièrement importante au Liban, où la corruption gouvernementale est avouée et assumée, où le clientélisme est la norme et où les responsabilités politiques sont bien souvent héréditaires. En tant que corporation, les parlementaires libanais constituent le corps législatif le plus fortuné du monde.
La politique parlementaire du parti étant généralement respectée, le soutien national aux actions de la Résistance islamique, dans le Sud, fluctua au fil des années. Les attaques israéliennes contre les civils et les infrastructures du Liban -- dont la destruction de centrales électriques, à Beyrouth, en 1996, 1999 et 2000 -- ont contribué au renforcement du soutien national à la Résistance. Cela fut particulièrement le cas après le bombardement par Israël d'un refuge de l'ONU, où des civils avaient trouvé refuge, à Cana, le 18 avril 1996, entraînant la mort de 106 civils.
L'occupation du sud Liban fut particulièrement coûteuse pour Israël. Le Premier ministre israélien Ehud Barak fit du retrait du sud Liban un élément de ses promesses électorales, en 1999, puis il annonça que ce retrait serait effectué en juillet 2000. Un mois et demi après la date buttoir annoncée, après des désertions dans l'ALS et l'effondrement d'éventuels pourparlers avec la Syrie, Barak donna l'ordre d'un retrait chaotique du Liban qui prit beaucoup de gens par surprise. A trois heures du matin, le 24 mai 2000, le dernier soldat israélien sortait du sol libanais et refermait derrière lui le portail du point-frontière de Fatima. Beaucoup d'observateurs prédirent que l'anarchie, la violence sectaire et le chaos viendraient combler le vide laissé derrière elles par les forces israéliennes d'occupation et l'ALS, qui ne tarda pas à s'éparpiller. Ces prédictions furent démenties par le Hezbollah, qui réussit à maintenir l'ordre dans la région frontalière.
En dépit du retrait israélien, un conflit territorial reste pendant: il concerne une zone de quelque 25 kilomètres carrés, appelée les Fermes de Shebaa, demeurées sous occupation israélienne. Le Liban et la Syrie affirment que le flanc des collines est territoire libanais, tandis qu'Israël et l'ONU ont déclaré qu'il est partie constitutive des Hauteurs du Golan et qu'il appartient par conséquent à la Syrie. Depuis 2000, le Liban attend par ailleurs qu'Israël lui remette la carte indiquant la localisation de quelques 300.000 mines installées par l'armée israélienne au Sud Liban. Des "règles du jeu" tacites, fondées sur l'accord de ne pas cibler des civils, conclu après le bombardement de Cana en 1996, ont présidé au contentieux frontalier israélo-libanais depuis l'an 2000. Les attaques du Hezbollah contre des postes militaires israéliens dans les Fermes de Shebaa occupées, par exemple, recevaient comme réponse un bombardement israélien limité d'avant-postes du Hezbollah et quelques franchissements du mur du son par les avions de guerre israéliens au-dessus du territoire libanais.
Les deux camps, à l'occasion, ont violé ces "règles du jeu". Toutefois, les rapports sur les violations de frontière établis par les observateurs de l'ONU indiquent qu'Israël a dix fois plus violé la Ligne Bleue marquant la frontière entre les deux pays que le Hezbollah. Les forces israéliennes ont enlevé des bergers et des pêcheurs libanais. Le Hezbollah a emmené un homme d'affaires israélien au Liban, en octobre 2000, affirmant qu'il s'agissait d'un espion. En janvier 2004, par l'intermédiaire de médiateurs allemands, le Hezbollah et Israël ont conclu un marché aux termes duquel Israël libérait des centaines de prisonniers libanais et palestiniens, en échange de cet homme d'affaires et du corps de trois soldats israéliens. A la dernière minute, les responsables israéliens ont rejeté l'ordonnance de la Cour suprême israélienne, et ils ont refusé de remettre les trois derniers prisonniers libanais, dont Samir Al Qantar, le plus ancien de ces prisonniers, incarcéré depuis vingt-sept ans pour avoir tué trois Israéliens après s'être infiltré à travers la frontière en territoire israélien. Le Hezbollah s'est engagé à ouvrir de nouvelles négociations quand cela s'avèrera opportun.


Le nationalisme du Hezbollah


Comme je l'ai indiqué, le Hezbollah suit officiellement Khamenei en qui il voit le marja' du parti, et il entretient de bonnes relations avec l'Iran depuis les années 1980, époque où ce pays a contribué à armer et à entraîner la milice qui allait devenir le Hezbollah. Il consulte régulièrement les dirigeants iraniens et il reçoit une aide économique d'un montant indéterminé. L'Iran a par ailleurs continué à aider militairement la Résistance islamique, fournissant notamment des roquettes de son arsenal militaire. Ces relations, toutefois, ne signifient nullement que l'Iran dicte en quoi que ce soit la politique du Hezbollah ni ses prises de position, ni qu'il soit en mesure de contrôler les actions de ce parti. Par ailleurs, les efforts iraniens visant à infuser dans les milieux chiites libanais une identité pan-chiite irano-centrée se sont heurtés à leur identité arabe et n'ont fait que renforcer le nationalisme libanais du Hezbollah lui-même.
C'est à peu de choses près la même chose qui s'est produite avec la Syrie, souvent considérée tellement proche du Hezbollah que la milice de ce parti est parfois qualifiée de "carte libanaise" de la Syrie dans ses efforts pour reprendre le contrôle des hauts plateaux du Golan aux mains d'Israël. Même si le Hezbollah entretient de bonnes relations avec le gouvernement syrien, la Syrie ne contrôle ni a fortiori ne dicte les décisions ou les actions du Hezbollah. Les décisions du parti sont prises de manière indépendante, en accord avec la représentation que le Hezbollah se fait des intérêts du Liban et de ses intérêts propres au sein de la politique libanaise. Après l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005, et après le retrait syrien du Liban qui en découla, la position du Hezbollah a souvent été faussement présentée comme "pro-syrienne". En réalité, la rhétorique du parti a été choisie avec soin afin de ne pas faire opposition au retrait syrien, et de manière à le relooker en un retrait qui n'aboutirait pas à la coupure des liens avec le Liban, et qui se déroulerait dans une atmosphère empreinte de "gratitude" envers la Syrie.
Il n'est pas douteux que le Hezbollah soit un parti nationaliste. Sa vision du nationalisme diffère de celle de bien des Libanais, et en particulier du nationalisme "phénicien" épousé par la droite chrétienne maronite, et aussi du nationalisme néo-libéral soutenu par les USA du parti de Hariri. Le Hezbollah prône un nationalisme qui considère le Liban comme un Etat arabe qui ne saurait se couper de causes telles que celle de la Palestine. Son idéologie politique conserve un aspect extérieur islamique. La Lettre ouverte de 1985 affirme l'aspiration du parti à créer un État islamique, mais seulement à travers la volonté populaire. "Nous ne voulons pas d'un Islam qui règnerait au Liban par la force", indique en effet ce document. La décision prise par le parti de participer aux élections de 1992 a souligné son engagement à oeuvrer au sein des structures existantes de l'État libanais, et il a marqué, par ailleurs, le glissement de la focalisation du parti sur une résistance panislamique à Israël vers la politique intérieure libanaise. De plus, depuis 1992, les dirigeants du Hezbollah ont fréquemment reconnu les contingences propres à la société multiconfessionnelle libanaise ainsi que l'importance de la coexistence intercommunautaire et du pluralisme dans ce pays. Il convient également de noter que beaucoup des électeurs du Hezbollah ne souhaitent pas vivre dans un État islamique mais seulement que le parti défende leurs intérêts et les représente au sein d'un Liban pluraliste.
La nature nationaliste du parti s'est renforcée tout au long de la transition du Hezbollah, de milice résistante qu'il était, jusqu'au parti politique et au-delà. Après le retrait syrien, il est devenu évident que ce parti allait jouer un rôle plus important au gouvernement libanais. De fait, lors des élections de 2005, le Hezbollah a accru sa représentation parlementaire, passant à quatorze sièges, au sein d'un bloc parlementaire avec d'autres partis qui en a remportés au total trente-cinq. Toujours en 2005, pour la première fois, le parti a décidé de participer au gouvernement, et il détient actuellement le ministère de l'Energie.
Le Hezbollah ne considère pas que sa participation au gouvernement entre en quoi que ce soit en contradiction avec le maintien de son statut de milice non-étatique. De fait, le premier point du programme électoral du Hezbollah, en 2005, était un appel à "sauvegarder l'indépendance du Liban et à le protéger contre la menace israélienne en maintenant la Résistance, en conservant l'aile militaire du Hezbollah et son armement, en vue de l'obtention de la libération totale des territoires libanais encore occupés". Cette position place le parti en contravention avec la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui en appelait en septembre 2004 au "démantèlement et désarmement de toutes les milices libanaises et non-libanaises", ainsi qu'avec les forces politiques libanaises qui cherchent à faire mettre en application ladite résolution. Nasrallah et d'autres dirigeants du parti ont participé à une série de meetings de "dialogue national" visant à discuter les termes d'un désarmement du Hezbollah. Ce dialogue n'était parvenu à aucune conclusion avant le déclenchement des violences actuelles, pour partie à cause de l'insistance mise par le Hezbollah à affirmer que ses armes étaient encore nécessaires afin d'assurer la défense du Liban.
Mais ce parti a aussi une plate-forme sociale, et il considère représenter non seulement les Libanais chiites, mais plus généralement tous les Libanais pauvres. La milice Amal créée par Sayyid Musa Al Sadr s'était elle aussi transformée en parti politique, principal rival politique du Hezbollah parmi les Chiites libanais, bien que travaillant aujourd'hui en tandem. Nabih Berri, depuis longtemps président du Parlement et chef d'Amal, est l'intermédiaire entre le Hezbollah et les diplomates en quête des conditions d'un cessez-le-feu et d'un échange de prisonniers. Le parti joue par ailleurs le jeu politique habituel au Liban qui veut que les candidats jouent sur des alliances régionales multiconfessionnelles, plutôt que sur des individualités, et il s'allie (transitoirement, toutefois), avec des hommes politiques qui ne soutiennent pas nécessairement son programme. Lors des élections parlementaires de 2005, la représentante sunnite sur la liste du Hezbollah à Saïda était Bahiyya Al Harîrî, la propre soeur de l'ancien Premier ministre libanais assassiné. Depuis les élections, le plus puissant allié du mouvement chiite est l'ancien général Michel Aoun, personnage "anti-syrien" par excellence dans la politique libanaise. Le mouvement d'Aoun, aux côtés du Hezbollah, apporta une importante contribution aux manifestations monstres organisées le 10 mai 2006 à Beyrouth pour protester contre les projets de privatisation du gouvernement, qui auraient entraîné de nombreuses suppressions de postes dans le secteur public libanais.


Action sociale


Entre autres conséquences de la guerre civile libanaise, la stagnation économique, la corruption gouvernementale et un fossé allant s'élargissant entre une classe moyenne de plus en plus réduite et des pauvres de plus en plus nombreux. Les quartiers chiites de Beyrouth avaient aussi à faire face à des déplacements massifs de population en provenance du Sud et de la vallée de la Bekaa. Dans ce climat économique, le clientélisme communautaire devint un outil indispensable à la survie.
Un réseau social musulman chiite s'est développé au cours des années 1970 et 1980, avec des acteurs clés dont Al Sadr, Fadlallah et le Hezbollah. Aujourd'hui, le Hezbollah joue le rôle d'une organisation-parapluie sous laquelle beaucoup d'institutions sociales sont gérées. Certaines d'entre elles apportent des allocations mensuelles et assurent une aide dans les domaines alimentaire, éducatif, du logement et de la santé à la population déshéritée; d'autres se consacrent au soutien aux orphelins; d'autres encore se vouent à la reconstruction des zones endommagées par la guerre. Il y a aussi des écoles sponsorisées par le Hezbollah, des cliniques et des hôpitaux quasi gratuits. Il y a même une école spécialisée dans l'accueil d'enfants atteints du syndrome de Down.
Ces institutions sociales sont situées partout au Liban et elles sont au service de la population locale sans distinction d'appartenance confessionnelle, même si elles sont particulièrement concentrées dans les régions chiites du pays. Elles sont en quasi totalité gérées par des volontaires bénévoles, en particulier des femmes, et le plus gros de leur financement provient de dons individuels, de bourses de parrainage d'orphelins et du denier du culte. Les musulmans chiites versent chaque année un "denier du culte" appelé le khums, ce qui signifie "le cinquième", correspondant effectivement au cinquième de leurs économies après leurs dépenses courantes. La moitié de ce denier du culte est allouée à l'entretien du marja' auquel ils adhèrent. Depuis 1995, année où Khamenei a nommé Nasrallah et un autre dirigeant du Hezbollah comme ses mandataires religieux au Liban, les revenus "khums" des Chiites libanais adeptes de Khamenei sont allés directement dans les vastes coffres-forts du Hezbollah. Ces Chiites donnent aussi leur zakat, c'est-à-dire l'aumône exigible de tous les musulmans en mesure de la payer, au vaste réseau d'institutions sociales locales du Hezbollah. Le plus gros de ce soutien financier provient de Chiites libanais vivant à l'étranger.


Qui soutient le Hezbollah ?


Un des buts proclamés de la guerre actuelle menée par Israël étant "l'élimination" du Hezbollah du Sud Liban", il est fondamental de relever que ce parti bénéficie d'un très large soutien, non seulement dans le Sud, mais dans l'ensemble du Liban, et un soutien qui ne dépend absolument pas de l'appartenance communautaire. Etre né dans une famille musulmane chiite, voire même être un musulman chiite pieux et pratiquant, ne détermine en rien l'affiliation politique de quiconque.
Le statut socio-économique n'entre pas non plus en ligne de compte. On suppose parfois que le Hezbollah se servirait de ses organisations sociales pour s'acheter des soutiens, ou que ces organisations ne sont que des couvertures pour des "activités terroristes". Cette représentation des choses ne fait que trahir une vision simpliste de ce qu'est réellement ce parti. Une lecture plus attentive et exacte suggère que la popularité dont jouit ce parti est fondée pour partie sur sa dévotion aux pauvres, mais aussi sur son programme politique et sur ses réalisations au Liban, sur son idéologie islamiste, et sur sa résistance à l'occupation du Liban et aux violations de sa souveraineté par Israël.
La popularité du Hezbollah est fondée sur une combinaison d'idéologie, de résistance et d'une approche du développement politico-économique. Pour beaucoup, l'idéologie du Hezbollah est considérée comme une alternative viable à un gouvernement libanais soutenu par les États-Unis et à ses projets économiques néo-libéraux au Liban, ainsi qu'une opposition au rôle joué par l'Amérique au Moyen-Orient. Ses électeurs ne sont pas seulement les pauvres, mais de plus en plus des Libanais appartenant aux classes moyennes, et on y trouve aussi beaucoup de Libanais cosmopolites et hautement éduqués. Beaucoup de ses partisans sont des musulmans chiites, mais il y a parmi eux également beaucoup de Libanais appartenant à d'autres communautés religieuses, qui soutiennent ce parti et / ou la Résistance islamique.
"Partisan du Hezbollah" est en soi une expression on ne peut plus vague. Il y a des membres officiels du parti et / ou de la Résistance islamique; il y a des volontaires oeuvrant dans des organisations sociales affiliées au parti; il y a ceux qui ont voté pour le Hezbollah aux dernières élections; il y a ceux, très nombreux, qui soutiennent la Résistance dans le conflit actuel, qu'ils soient d'accord ou non avec son idéologie. Prétendre débarrasser le Sud du Liban du Hezbollah, en faire son objectif, cela risque de revenir à dépeupler totalement le Sud Liban, ce qui équivaudrait à une épuration ethnique de cette région.
Dans le conflit actuel, alors que l'opinion publique libanaise semble divisée sur la question de savoir si c'est le Hezbollah ou Israël qu'il faut incriminer dans la dévastation qui s'est abattue sur le pays, cette division ne suit pas nécessairement des lignes de faille confessionnelles. Plus important: il y a beaucoup de Libanais qui ne sont pas d'accord avec l'idéologie islamiste du Hezbollah, ou avec son programme politique, et qui pensent que son opération du 12 juillet (comportant notamment la capture de deux soldats israéliens) fut une erreur, mais qui soutiennent la Résistance islamique et qui voient en Israël un ennemi. Ces positions ne sont en rien mutuellement exclusives. Un des effets des bombardements israéliens sur certains quartiers choisis de Beyrouth a été d'accentuer les oppositions de classe au Liban, ce qui ne pourra qu'augmenter la popularité du Hezbollah parmi les Libanais qui se sentaient déjà exclus par le style de reconstruction et de développement mis en oeuvre par Hariri.


Les violences actuelles


Le 12 juillet, des combattants du Hezbollah ont attaqué un convoi de l'armée israélienne, capturant deux soldats. Le parti a déclaré avoir capturé ces soldats afin de les utiliser comme des moyens d'échange lors de négociations indirectes en vue de la libération de trois prisonniers libanais détenus sans procès et contre l'avis rendu par la Cour suprême d'Israël. Comme je l'ai déjà indiqué, il existe des précédents de négociations de cette nature. Le raid du Hezbollah avait été planifié depuis des mois, et le parti avait fait au moins déjà une tentative visant à capturer des soldats israéliens. Nasrallah avait déclaré déjà auparavant que l'année 2006 serait l'année où des négociations auraient lieu en vue de la libération des trois prisonniers libanais demeurant dans les geôles israéliennes. Au cours d'une interview diffusée le 20 juillet par la chaîne arabe Al-Jazirah, il a également déclaré que d'autres dirigeants au Liban étaient au courant de son intention de donner l'ordre d'une tentative de capture de soldats israéliens, bien qu'ils n'eussent pas été au courant des détails de cette opération en particulier.
Après la capture de ses soldats, Israël a déclenché l'assaut de son aviation contre les villes et l'ensemble des infrastructures du Liban à une échelle inédite depuis l'invasion de 1982. Cette attaque a été accompagnée d'un blocus maritime puis d'une incursion terrestre. L'invasion terrestre est fortement contrée par les combattants du Hezbollah, ainsi que par ceux d'autres partis. Tant le Parti Communiste Libanais que le parti Amal ont annoncé la mort de combattants originaires de leurs rangs dans la bataille. Ce sont plus d'un millier de Libanais qui ont perdu la vie, pour la plupart des civils; Un décompte de l'ONU indique qu'un tiers des victimes sont des enfants. Dans plusieurs cas, des villageois qui avaient été prévenus par Israël au moyen de tracts lancés par avion ou de messages téléphoniques automatiques d'abandonner leurs maisons qui allaient être bombardées ont été tués quelques instants après sur les routes déjà coupées qu'ils tentaient d'emprunter pour s'enfuir, les Israéliens ayant pris les convois de voitures pour cibles. Le 30 juillet, des avions israéliens ont bombardé un immeuble de trois étages utilisé comme abri à Cana, tuant d'un coup plusieurs dizaines de civils et remettant dans les mémoires le massacre perpétré au même endroit en 1996. Le gouvernement libanais estime que 5.000 personnes ont été blessées depuis le 12 juillet, tandis que un million de personnes ont été contraints de quitter leur domicile. Le Hezbollah a répliqué, pratiquement dès le début de la campagne des bombardements israéliens, en tirant des centaines de roquettes sur Israël, tuant plusieurs dizaines de civils et de militaires israéliens.
Au Liban, en particulier dans le Sud, des villages entiers ont été rasés par les bombes, ainsi que des quartiers entiers de Beyrouth. Les pistes et les réservoirs de kérosène de l'aéroport international de Beyrouth, les routes, les ports, les centrales électriques, les ponts, les stations services, ainsi que les camions transportant des fournitures médicales, des ambulances et des minibus bondés de civils ont été pris pour cibles et entièrement détruits. L'ONU a mis en garde contre une crise humanitaire, et elle a indiqué que des enquêtes sur des crimes de guerre sont en cours après la prise pour cible de civils tant au Liban qu'en Israël. L'association Human Rights Watch a documenté l'utilisation par Israël de bombes à fragmentation, interdites dans les conflits guerriers par le droit humanitaire international. Les "petites bombes en grappes" étant largement répandues par le bombardement, et n'explosant souvent pas comme elles devraient le faire lors de leur impact, deviennent de fait des mines terrestres. Des témoins oculaires, à Beyrouth, ont rapporté que le type des destructions, dans les quartiers durement bombardés, évoque celles causées par des armes thermonucléaires, ou par des "bombes à vide" (à implosion), dont les effets de souffle frappent par définition aveuglément. Les médecins libanais qui reçoivent les corps des morts et les blessés ont allégué que les bombes israéliennes peuvent renfermer du phosphore blanc, une substance qui est considérée, si elle est utilisée lors d'opérations offensives, comme une arme chimique prohibée.
Le but initialement affiché par Israël, à savoir assurer la libération des deux soldats capturés, s'est évanoui dans le discours officiel israélien, cédant la place à deux nouveaux objectifs: le désarmement de la milice du Hezbollah, et son élimination du Sud Liban. D'après un article publié le 21 juillet dans le quotidien américain San Francisco Chronicle, un haut responsable de l'armée israélienne a présenté des plans en vue d'une offensive de ce type à des diplomates américains plus d'un an avant que le Hezbollah ne capture les deux soldats israéliens. Tout en violant de nombreuses résolutions de l'ONU, l'armée israélienne semble ainsi tenter, avec le soutien des Etats-Unis, de faire mettre en application la Résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU. Personne ne voit toutefois très bien en quoi le bombardement aérien de toutes les infrastructures du Liban et l'assassinat massif de civils libanais pourrait contribuer à la réalisation de ces objectifs. Au contraire, dans tout le Liban, dans le monde arabo-musulman et même dans les pays occidentaux, la colère contre les massacres perpétrés par Israël l'emporte sur le désaccord idéologique avec le Hezbollah et le soutien dont il bénéficie est en train de s'accroître.

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Hadith du jour

 

 

 

Excellence du mois de Ramadhan

 

Le Saint Prophète (saw) a dit : Ô vous les gens ! Nul doute, le mois d’Allah est venu à vous. Ce mois est pour Allah le plus noble des mois. Ses jours sont les meilleurs des jours, ses nuits les meilleurs des nuits et ses moments les meilleures des moments.

 

(Bihar al-Anwaar, vol 96, pg 356) 40 Ahadith Sur Le Mois De Ramadhan

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